Agacé par le fait qu'Alger traîne sans cesse les pieds face au dossier de l'immigration, le gouvernement français veut exhorter son partenaire à agir pour freiner les réseaux de passeurs.
En renforçant actuellement leur coopération, Paris et Alger font "en sorte, dans un contexte international incertain, de créer (...) un pôle de stabilité, de prospérité et de développement de part et d'autre de la Méditerranée", a assuré, dans un langage on ne peut plus diplomatique, Gérard Collomb, ministre français de l'Intérieur.
"Je crois qu'une alliance profonde entre nos deux pays pourrait changer la face du monde dans cette région", a estimé le ministre français lors d'une visite de 24 heures dans la capitale algérienne.
Les "relations très encourageantes" entre l'Algérie et la France sont "appelées à être approfondies vu les enjeux sécuritaires auxquels font face les deux pays", a confirmé son homologue algérien Noureddine Bedoui, en ouvrant avec lui une rencontre entre walis algériens et leurs homologues préfets français.
"On se doit d'approfondir notre coopération sécuritaire car la sécurité de chacun des deux pays commence avec celle de l'autre pays", a ajouté le ministre algérien.
Lors d'un entretien en marge de cette rencontre, MM. Bedoui et Collomb ont évoqué les problèmes de sécurité, notamment liés au terrorisme et au retour des jihadistes étrangers ayant combattu dans les rangs du groupe Etat islamique.
Ils ont également "parlé des demandes d'asile d'Algériens en France", a précisé Gérard Collomb alors que les Algériens figurent en 2016 et 2017 parmi les 10 nationalités ayant déposé le plus de demandes d'asile, selon l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA).
Près de 2.500 Algériens ont déposé une demande d'asile en France en 2017, soit 25% de plus que l'année précédente, selon l'OFPRA.
"Il y a beaucoup de visas qui sont donnés" par la France en Algérie, "comment se fait-il qu'il y ait des gens qui demandent l'asile? Il n'y a pas besoin de demander l'asile en France. C'est des sujets qu'il faut que nous traitions ensemble", a déclaré Gérard Collomb.
M. Collomb, également ministre des Cultes, devait s'entretenir avec le ministre algérien des Affaires religieuses et des Wakfs (biens religieux, ndlr), Mohamed Aïssa, puis avec le Premier ministre Ahmed Ouyahia, avant de s'envoler pour le Niger.