L’espoir d’une nouvelle flambée des cours du baril de pétrole a été de courte durée pour les pays producteurs d’or noir. Après un rallye entamé à la mi-août, qui a vu le cours du baril croître rapidement pour atteindre un pic de 86,44 dollars, c’est désormais le plongeon du cours de l’or noir qui inquiète les producteurs de pétrole.
Ainsi, ce mardi 18 décembre, le cours du baril du Brent de la mer du Nord s’échangeait à 58,5 dollars alors que le WTI (référence américaine) se négociait à 49 dollars, son plus bas niveau depuis octobre 2017. Entre le 3 octobre dernier et le 18 décembre, le baril du Brent a, de fait, perdu 47,76% de sa valeur par rapport au pic du 3 octobre dernier en s’établissant à 86,44 dollars.
Plusieurs explications sont avancées. D’abord, il y a une offre excédentaire qui tire naturellement les prix vers le bas. Celle-ci provient grandement de la hausse de la production américaine, qui est si forte que les Etats-Unis sont devenus le premier producteur mondial de pétrole devant la Russie et l’Arabie Saoudite.
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Mieux encore, les Américains exportent désormais leur production, concurrençant les anciens exportateurs qui sont obligés de faire le nécessaire pour conserver leurs parts de marché.
En conséquence, les efforts de l’OPEP et de la Russie pour faire remonter les cours en rééquilibrant l’offre à la demande, c'est à dire en réduisant la production d’environ 1,2 million de barils/jours à partir de janvier, n’a eu qu’un faible impact lié à l’effet d’annonce.
Il faut dire que le premier exportateur mondial, l’Arabie Saoudite, soumise aux pressions du président américain opposé à la hausse du cours du baril, n’a pas une position très tranchée sur la réduction de la production de l’OPEP.
Ensuite, il y a l’effet du ralentissement de la croissance économique mondiale et donc de la demande du carburant.
A ce titre, il faut noter la multiplication des annonces de révisions des croissances économiques à la baisse par de nombreux pays.
Les derniers en date sont le Japon et de la Suisse, qui ont annoncé ce mardi 18 décembre des baisses de leurs prévisions de croissance pour 2018 et 2019.
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La sortie du président chinois Xi Jinping, annonçant que «dans le futur, nous seront inévitablement confrontés à toutes sortes de risques et défis» ne rassure pas davantage les marchés, sachant que la Chine est l’une des locomotives de la croissance économique mondiale.
Ces deux facteurs fondamentaux pourraient entrainer un décrochage important entre l’offre et la demande et, en conséquence, tirer davantage les prix vers le bas.
Cette situation constitue une aubaine pour les pays importateurs de pétrole, qui dépendent totalement des hydrocarbures pour leur production d’électricité.
A l’opposé, elle est source d’inquiétude pour les pays producteurs de pétrole, notamment ceux qui sont entièrement dépendants de la rente pétrolière.
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C’est le cas notamment de nombreux pays africains: Angola, Algérie, Nigeria, Gabon, Congo, Guinée Equatoriale, etc.
Ces pays avaient construit leurs projets de loi de finances sur la base d’une batterie d’hypothèses dont le cours du baril de pétrole occupe une place cruciale.
Ces pays risquent de se retrouver avec un déficit énorme en termes de recettes budgétaires et devoir faire face à une détérioration de leurs balances des opérations courantes.
Partant des projections des experts tablant sur un niveau du cours du baril de pétrole bas en 2019, sauf en cas de survenance d’un évènement exceptionnel, les risques que ces pays rentiers, déjà en pleine crise, s’embourbent dans des situations aiguës ne peut être écarté.