La révélation est de taille. Lors d’une rencontre sur «Le commerce parallèle du carburant et son impact désastreux sur l’économie tunisienne», à Tunis, Lotfi Hamrouni, membre du bureau exécutif de l’UTICA et président de la Fédération nationale de la Chimie, a révélé, selon Tunisie Afrique presse (TAP), que «les contrebandiers de carburant accaparent, à eux seuls, 30% du total des ventes du secteur».
Et selon Hamrouni, cette contrebande, contrairement à ce qu’on croit, ne concerne pas uniquement les régions du Sud et du centre, mais touche la totalité du pays. Il rappelle que la contrebande représentait moins de 10% des ventes de carburant en 1996.
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Et selon leconomistemaghrebin.com, «l’enquête menée par Sigma conseil montre que 64% des consommateurs achètent du carburant de contrebande». Et la raison de ce choix est le différentiel de prix. En effet, «le prix du litre de carburant à la pompe est de 700 millimes de dinar plus cher que celui de contrebande».
Cette situation a un impact négatif sur l’économie tunisienne. En effet, cette contrebande porte un préjudice énorme au secteur de la distribution des carburants et sur l’économie tunisienne en privant l’Etat de recettes fiscales importantes. Ainsi, selon le président de la Fédération nationale de la chimie tunisienne, les sociétés de distribution et les propriétaires des stations services ont subi de lourdes pertes avec des baisses de chiffres d’affaires atteignant les 80% dans les régions du sud et du nord-ouest. Et selon le Groupement professionnel des pétroliers, «la contrebande des hydrocarbures cause à l’Etat des pertes à hauteur de 500 millions DT par an».
Allant dans le même sens, Mathieu Langeron, président de la Chambre syndicale des sociétés de distribution des carburants, c'est près d'un million de m3 de carburant de contrebande qui est vendu annuellement sur le marché local.
Une situation qui a entraîné la fermeture de plusieurs stations-services et la réduction des effectifs pour celles qui continuent à fonctionner puisque cette situation génère la perte de plusieurs postes d’emploi.
Face à cette situation, les professionnels du secteur appellent l’Etat à jouer pleinement son rôle en mettant en place une stratégie efficace qui permette d’éradiquer ce fléau.
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En dépit de cette situation, les professionnels du secteur comptent poursuivre leurs investissements dans le secteur de la distribution. Selon Mohamed Chaabouni, directeur général de «Vivo Energy», les professionnels souhaitent «mobiliser dans les années à venir de nouveaux investissements de l’ordre de 500 millions de dinars et créer entre 3.000 et 4.000 nouveaux postes d’emplois».
Et afin de lutter contre la contrebande, «la chambre syndicale des sociétés de distribution des produits pétroliers, le Groupement professionnel des Pétroliers (GPP), la chambre syndicale nationale des gérants et propriétaires de stations-service, ont lancé le 2 décembre 2016, une campagne sur le commerce parallèle de carburant et sur son impact sur l'économie tunisienne», souligne businessnews.com.tn.