Algérie: près de 2000 produits interdits d’importation pour limiter l’hémorragie des réserves de change

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Le 05/09/2016 à 14h04, mis à jour le 05/09/2016 à 14h49

L’Algérie veut par tous les moyens freiner la baisse inquiétante de ses réserves de change. Afin de freiner les importations, elle va tout simplement interdire l’importation d’environ 2000 produits.

Tous les moyens sont bons pour arrêter l’hémorragie des réserves de change, surtout depuis que le gouvernement s’est engagé à ce que celles-ci ne tombent pas au-dessous de la barre psychologique des 100 milliards de dollars.

Et pour y arriver, le gouvernement algérien, face à la baisse continue des recettes pétrolières, qui constituent plus de 95% des recettes d’exportation du pays, joue sur les importations. 

Ainsi, après le gel de certains investissements publics nécessitant des importations d’équipements coûteux et l’établissement des quotas d’importation pour certains produits (véhicules, ciment, etc.), le gouvernement Sellal vient de renforcer les mesures administratives de contrôle des flux sortants pour faire face à la chute des réserves.

Ce sont entre 1700 et 2000 produits considérés comme superflus qui sont interdits d’importation. Un groupe de travail a été mis en place pour dresser cette liste qui sera adressée aux banques, avant l’adoption de la loi de finances 2017, afin qu’elles se préparent à l’interdiction des domiciliations bancaires de ces produits.

Ainsi, avec cette nouvelle mesure, les autorités algériennes espèrent freiner la sortie de devises liée aux besoins de consommation et donc limiter les risques de voir les réserves tomber en dessous des 60 milliards de dollars d’ici 2018, comme le projette la Banque mondiale.

Pour le gouvernement algérien, il faut coûte que coûte que ces avoirs extérieurs soient maintenus à hauteur de 116 milliards de dollars à fin 2016 et au minimum 100 milliards de dollars en 2017 et 2018.

Reste à savoir si ces mesures seront suffisantes pour limiter la chute des réserves de change. En effet, alors qu’il dépassait les 200 milliards de dollars avant la baisse du cours du baril de pétrole en 2014, le bas de laine algérien qui permettait au gouvernement d’acheter la paix sociale grâce aux subventions qui maintenaient les prix de certains produits à des niveaux très bas, fond comme du beurre au soleil. Il faut reconnaître que l’Algérie n’exporte presque rien en dehors des hydrocarbures.

Cette interdiction permettra-t-elle de rééquilibrer la balance des paiements et donc freiner la sortie des devises. Rien n'est moins sûr. Toutefois, avec la pénurie annoncée pour ces produits interdits d'importation, conjuguée à la hausse des taxes prévue dans le cadre de la loi de finances 2017, c’est l’inflation assurée,…

Par Karim Zeidane
Le 05/09/2016 à 14h04, mis à jour le 05/09/2016 à 14h49