Le gap entre les recettes et les dépenses du budget ne fait que croître. D'une part, les ressources tirées des recettes pétrolières s’amenuisent à cause des cours de pétrole bas. Les recettes de la fiscalité pétrolière ont reculé de 30% cette année par rapport à l'exercice précédent. D'autre part, les dépenses budgétaires sont en hausse continue du fait qu’elles sont globalement incompressibles. Conséquence, le déficit budgétaire se creuse dangereusement. Au terme du premier semestre de l’année en cours, et selon les informations de l’APS, le déficit budgétaire s’est établi à 1.770 milliards de dinars. Pour comprendre l’ampleur de ce déficit, il faut souligner qu’il représente 70% du déficit prévu au titre de 2016.
Pour financer ce déficit, outre la ponction de 317,62 milliards de dinars de l’emprunt obligataire interne initié par l’Etat et qui visait a priori financer des projets structurants, le gouvernement s’est rabattu naturellement sur le Fonds de régulation de recettes (FRR). Il y a ponctionné durant les 6 premiers mois de l’année 1333,84 milliards de dinars, bouchant 75,3% du trou budgétaire.
Conséquence, le matelas que l’Algérie s’est constitué durant les années fastes de hausse des cours du baril de pétrole fond comme neige au soleil. Les experts qui prédisaient l'épuisement du Fonds de régulation des recettes (FRR) durant l'été 2016 avaient vu juste. D’un montant de 2072,5 milliards de dinars à fin 2015, avec des prélèvements atteignant 1333,84 milliards de dinars à fin juin 2016, le FRR a perdu ainsi 55,38% de son volume initial avec un solde qui s’établit à 738,66 milliards de dinars à fin juin 2016.
Seulement, à ce niveau, le gouvernement algérien a dépassé le seuil minimal à conserver dans le fonds et au dessous duquel le législateur interdit au gouvernement d’effectuer des ponctions. Ce seuil était fixé à 740 milliards de dinars. Il est ainsi dépassé.
Autrement dit, sur le plan théorique, le FRR légalement disponible est épuisé, pour ne pas dire négatif, sachant que l’Etat ne devrait pas toucher ce reliquat.
Que fera l’Algérie une fois que le Fonds de régulation des recettes sera épuisé? Cette question mérite d’être posée quand on voit le rythme de prélèvement effectué par le gouvernement algérien pour faire face à l’aggravation du déficit budgétaire au cours de ces dernières années.
La loi de finances 2016 prévoit un déficit budgétaire de l’ordre de 2542 milliards de dinars. Sachant que pour les six premiers mois, le déficit a atteint 1769 milliards, il est fort probable que le déficit budgétaire soit largement dépassé à la fin de l’année en cours.
Face à cette situation d’épuisement du disponible des réserves, la seule alternative crédible qui s’offre à Alger reste une sortie sur le marché international. Si celle-ci est désormais permise pour les entreprises, elle demeure un sacrilège pour certains puristes tenant d’une certaine «indépendance» de l’Algérie. Pourront-ils tenir longtemps sur cette ligne quand on sait qu'il faut un prix de baril de 87 dollars pour que l'Algérie puisse renouer avec l'équilibre budgetaire !