L’impossible mutation d’Air Algérie face à la crise

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Le 17/10/2016 à 12h02, mis à jour le 17/10/2016 à 15h43

Air Algérie reste sur le tarmac et peine à décoller. L'année dernière a été presque déficitaire. Elle veut se diversifier, mais s'y est prise tardivement, contrairement à d'autres compagnies. Elle veut aller en Afrique, mais l'absence des entreprises algériennes fait que ses vols sont vides.

Kiosque Le360 Afrique. C’est de plus en plus difficile pour la compagnie nationale algérienne à cause d’une féroce concurrence à laquelle, elle n’est pas préparée. Elle "n’a plus le monopole du transport aérien", renseigne le site Tout sur l’Algérie. Depuis l’ouverture du ciel, elle doit partager le gâteau avec 22 autres compagnies, se plaint Mohamed Abdou Bouderbala, son PDG qui s’exprimait hier dimanche 16 octobre 2016 sur Radio Algérie.

Devant les difficultés auxquelles elle fait face, Air Algérie entrevoit deux solutions. D’une part, se lancer dans une diversification de son activité et d’autre part, renforcer sa présence en Afrique. Concernant la politique de diversification, une filiale catering est d’ores et déjà créée et un centre de maintenance a été ouvert. La compagnie veut également développer son activité de fret-cargo avant le début de l’année prochaine. 

20 ans de retard

Evidemment, il s'agit d'une décision tardive. D'autres compagnies comme la Royal Air Maroc s'y sont lancées depuis près de 20 ans. C'est ce qui leur a permis, par exemple d'attirer très vite Boeing et Airbus à Casablanca dans le cadre de joint-ventures. Cette vision avant-gardiste a permis de dévdelopper aujourd'hui une stratégie aéronautique payante. 

Son PDG reconnait que sa compagnie manque cruellement de compétitivité du fait de "l’intensification de la concurrence mais également de la dépréciation du dinar". Actuellement, la compagnie fait face au terrible effet ciseaux que craignent toutes les entreprises en période de crise. D’un côté, le chiffre d’affaires ne cesse de reculer, alors que les charges continuent d’augmenter. Du coup, il n’y a pratiquement plus de marges.

Des caisses vides

A l’image du gouvernement algérien et de beaucoup d’entreprises publiques, les caisses d’Air Algérie sont vides. D’ailleurs, l’année dernière s’est soldée par un résultat quasi nul, selon Mohamed Abou Bouderbala. Du coup, elle n’est plus en mesure de renouveler sa flotte en comptant uniquement sur sa trésorerie. Il lui faut recourir à l’endettement notamment pour acquérir les 40 nouveaux appareils envisagés entre 2018 et 2025.

Concernant l’Afrique, l’objectif est d’ouvrir deux nouvelles lignes, notamment au Gabon et en Ethiopie. Selon l’analyse de son PDG qui le reconnait à demi-mots, la compagnie nationale algérienne a perdu beaucoup de parts de marché qu’elle compte "se réapproprier". Si Air Algérie est en recul sur le continent, par rapport aux autres compagnies, c’est parce que le pays n’a pas réellement misé sur le continent en matière de business. Les entreprises algériennes, tous secteurs confondus, sont très peu présentes sur le marché africain.

On ne part pas en Afrique les mains vides

Des groupes marocains comme Maroc Telecom, Attijariwafa bank, BMCE Bank Of Africa, Banque Centrale populaire ou encore Managem, Alliances, LafargeHolcim Maroc continuent de se développer en Afrique non sans une certaine agressivité. Les PME marocaine dans la monétique, les technologies de l’information ou les BTP disposent également de filiales dynamiques en Afrique de l’Ouest et du Centre.

Alors qu’à ce jour, aucune banque algérienne ne s’est transformée en multinationale. Pratiquement aucune PME algérienne ne pense aller à la conquête des autres pays du continent. C’est ce qui explique que la Royal Air Maroc possède 21 vols hebdomadaires (3 quotidiens) sur une capitale comme Dakar, alors qu’Air Algérie peine à remplir ses 6 vols hebdomadaires pour la même destination.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 17/10/2016 à 12h02, mis à jour le 17/10/2016 à 15h43