Les subventions à tout va en vigueur en Algérie ne peuvent plus continuer. L’Etat, ayant longtemps utilisé ce moyen pour acheter la paix sociale, n’a plus les ressources nécessaires pour continuer avec cette pratique intenable dans un environnement marqué par la baisse des recettes pétrolières.
D’après le ministre des Finances, Hadji Babaammi, cité par l’APS, la préservation des acquis sociaux via la stabilité des prix de produits de base et le maintien des dépenses sociales (santé, éducation, etc.) coûte l’équivalent de 30% du PIB du pays. Outre le fait que ces subventions coûtent cher à l’Etat, le ministre juge qu’elles ne sont pas équitables du fait qu’elles ne profitent pas toujours aux plus défavorisés.
Face à cette situation, souligne-t-il, le gouvernement algérien étudie actuellement la mise en place d’un système de ciblage des subventions. Le problème est de savoir comment se fera ce ciblage sans fâcher une population habituée à acheter des produits importés à des prix bas et quels sont les produits qui seraient concernés, sans parler de la difficulté à mettre en place un système de ciblage efficient.
Dans tous les cas, acculé, le gouvernement algérien n’a plus de choix du fait que ses marges de manœuvre sont aujourd’hui réduites. Face aux déficits provenant surtout des effets des subventions, le gouvernement pompait directement dans le Fonds de régulation des recettes (FRR). Le repli des recettes pétrolières a été tel que le gouvernement était obligé d’accentuer ses ponctions sur ce fonds souverain dans une conjoncture sociale tendue. Du coup, les recettes du FRR qui avaient atteint 5.563,5 milliards de dinars en 2013 comptent actuellement moins de 740 milliards de dinars (part que la loi avait interdit de ponctionner), à peine suffisant pour tenir quelques mois face à l’aggravation du déficit budgétaire.
Du coup, la seule solution pour freiner l’hémorragie était de revoir le système des subventions pour baisser les dépenses tout en augmentant les recettes fiscales. Il s'agit d'une des recommandations du Fonds monétaire international (FMI) que le gouvernement a commencé à mettre à exécution avec la hausse de la TVA sur certains produits dans le cadre de la loi de finances 2017.
Reste que ce ciblage des subventions sera difficilement accepté par les populations habituée aux subventions touchant presque tous les produits. D’ailleurs, le cas de l’électricité en est un exemple. En effet, depuis avril, les Algériens payent plus cher leur consommation d’électricité suite au relèvement des tarifs dans le but d’alléger le poids des subventions publiques, et par ricochet réduire ou au moins freiner le déficit budgétaire. Cette situation a poussé les populations du sud algérien –Adrar, Béchar, Timimoun, etc.- à protester vigoureusement contre la hausse des prix de l’électricité et du gaz. Face à la crainte des tensions sociales, le gouvernement a mis en place une commission pour étudier la possibilité de réduire les prix d’électricité et gaz dans ces régions. C’est dire que la pilule sera vraiment difficile à faire avaler à une population durement touchée par le chômage.