Kiosque le360afrique. "Le FMI a accordé un emprunt de 1,3 milliard de dollars à l’Algérie, via la Banque africaine de développement et je l’avais dit auparavant, notre pays va aller vers un endettement conditionnel", affirme Zahir Serrai, directeur général project finances chez Fitch Ratings Corporation à Londres. Dans un entretien accordé à Financial Afrik, cet expert formé en Allemagne et à la rigueur bien germanique, se montre particulièrement dur avec les responsables censés mener à bien la politique économique et financière algérienne. "Après cet endettement du FMI camouflé par la BAD, tous les scenarios ont été découverts", ajoute-t-il.
Selon lui, le gouvernement algérien ne fournit pas les données réelles témoignant de la faiblesse de son économie. Ainsi, "la contribution du marché interne au PIB ne dépasse pas les 2,09% au lieu des 5% avancés par Abdelmalek Sellal". Cela montre bien l'extrême dépendance du pays vis-à-vis du monde extérieur, ce qui exacerbe les conséquences des chocs extérieurs.
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Les conséquences sont aussi nombreuses que désastreuses. Ainsi, à cause de la dévaluation du dinar, l'inflation a atteint 19%. L'Etat ne peut plus faire face à ses engagements en matière d'investissement. "Les budgets adoptés par la loi de finances ne suffisent pas pour achever les grands projets" structurants. Les répercussions sur le revenus et le niveau de vie des Algériens sont bien réelles. "Le gouvernement a annulé tous les rappels des fonctionnaires en service comme ceux des retraités".
Incompétence des dirigeants
L'expert fligue ouvertement les dirgeants algériens, qualifiés d'incompétents, aussi bien en matière de gestion des finances extérieures qu'en ce qui concerne d'autres domaines comme le commerce international.
Pour Zahir Serrai, "le manque de stratégie à long terme pour un gouvernement dont la majorité des cadres n'est pas qualifiée à négocier" avec les organismes internationaux et les bailleurs de fonds n'est un secret pour personne. D'ailleurs, ils ne sont pas "productifs dans leurs secteurs respectifs". Selon lui, "les traités signés sont conditionnés par celui qui octroie cette dette, et il y a un jeu géopolitique négocié sous ces accords. Or, les experts algériens sont très limités en matière de négociation. Autrement, comment expliquez-vous qu'en 14 ans de négociations, l’Algérie n’ait pu être membre de l’Organisation mondiale de commerce (OMC), alors que le Lesotho en est membre à part entière?
En réalité l'Algérie veut vivre au-dessus de ses moyens et pour se donner de l'importance sur le plan diplomatique, elle prend des décisions que Zahir Serrai juge irrationnelles. "Entre 2004 et 2009, l’Algérie a effacé les dettes de 9 pays africains, dont 1,4 milliard de dollars, rien que pour l'Ouganda. Qui est le responsable de ces décisions catastrophiques? Ces aides sont non remboursables. Qu’a fait le peuple algérien, pour ne pas profiter de sa part du pétrole?", s'interroge-t-il. Et de conclure: "le gouvernement algérien ne possède pas de stratégie claire et adéquate, aux normes internationales actuelles, pour surmonter le choc".