Le déficit commercial algérien a connu une forte baisse à fin juillet 2017, comparativement à la même période de l’année dernière. Celui-ci s’est établi à 6,17 milliards de dollars, contre 10,61 milliards de dollars à fin juillet 2016, soit une baisse de 41,85%, ou 4,44 milliards de dollars de baisse.
En détail, les exportations ont augmenté de 25,06% à 20,71 milliards de dollars, grâce uniquement à un cours du baril de pétrole plus favorable comparativement à l’année dernière, sachant que les hydrocarbures ont représenté 95% des recettes d’exportations du pays.
Quant aux importations, elles ont enregistré une légère baisse de 1,08% à 26,87 milliards de dollars. Du coup, un sentiment d’autosatisfaction est notée chez les initiateurs de cette politique de substitution des importations par la production locale et visant coûte que coûte à réduire la facture des importations et ce quelles que soient les conséquences.
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Seulement, au niveau des importations, la lecture semble un peu biaisée par le fait qu’un certain nombre de produits finis, qui étaient jusqu’ici globalement enregistrés dans la rubrique importation, sont de plus en plus considérés comme étant produits localement pour échapper à la politique des quotas et des interdictions d’importation, sans apporter de valeur ajjoutée locale.
C’est le cas notamment des voitures montées en Algérie dont les autorités reconnaissent qu’elles n’ont de «Made in Algérie» que le nom. Il s’agit tout simplement d’assemblage de kits complets de véhicules sans aucune valeur ajoutée. Cette pratique, reconnue également dans d’autres secteurs d’assemblage d’un certain nombre de biens d’équipement, fausse un peu la réalité de la baisse des importations algériennes en valeur.
Globalement, si la baisse du déficit commercial via la baisse des importations peut préserver les réserves en devises du pays, il n’en demeure pas moins que cette politique peut avoir des effets néfastes.
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Ainsi, l’objectif prioritaire de réduire la facture des importations a poussé le gouvernement algérien à mettre en place une politique d’austérité pour faire face à la crise financière. Celle-ci s’est matérialisée par l’arrêt et la mise en veilleuse d’un certain nombre de chantiers et d’investissement dans le but d’enrayer les importations et les sorties de devises du pays. Ainsi, en voulant trop réduire la facture des importations, le gouvernement plombe aujourd’hui toute reprise économique qui n’est possible sans l’importation de biens d’équipements et de lancement de chantiers structurants stoppés par la politique d‘austérité.
De même, les quotas d’importations et les interdictions d’importations, dans un environnement marqué par l’incapacité de la production locale à prendre le relais, a entraîné un renchérissement de presque tous les biens et produits mis à la disposition des consommateurs.
Ainsi, les prix des véhicules ont fortement augmenté, y compris ceux d’occasions. Même les véhicules montés localement sont aussi chers que ceux importés, à cause de la rareté de véhicules et des quotas d’importations. Cela concerne aussi tous les autres produits, notamment alimentaires. Ainsi, l’inflation née de la volonté du gouvernement à réduire la facture des importations a lourdement pesé sur le pouvoir d’achat des citoyens algériens.