Algérie: même à 75 dollars le baril, la planche à billets à de beaux jours devant elle

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Le 30/04/2018 à 19h10, mis à jour le 30/04/2018 à 19h12

Même avec un baril de Brent à 75 dollars, l'Algérie, qui n'a pas voulu mener des réformes pour réduire son déficit budgétaire, n'est toujours pas tirée d'affaires. D'après le FMI, il faudrait un baril autour de 80 dollars pour voir le bout du tunnel.

Avec un baril qui s'éloigne, à la hausse, des 50 dollars à la faveur des tensions géostratégiques dans les principales zones de production, notamment avec la menace d'annulation de l'accord sur le nucléaire iranien, les prières du gouvernement algérien sont en train d'être exaucées. 

En effet, le baril de Brent à Londres a frôlé la barre des 75 dollars, il y a tout juste une semaine, avant de s'inscrire dans un couloir de consolidation entre 73,75 et 75 dollars. Si les prix restent à un niveau aussi élevé, les finances publiques algériennes ne sont pas encore sorties de la zone rouge. En effet, selon le Fonds monétaire international (FMI), le prix du baril de Brent qui permet à l'Algérie d'atteindre son équilibre budgétaire se situe entre 65 dollars, pour le scénario de base, et 80 dollars pour le scénario alternatif. Il est vrai que depuis une semaine, le cours moyen à Londres se situe au moins à 8 dollars au-dessus du scénario de base pour l'équilibre budgétaire algérien. Mais un gap de 5 dollars sépare encore ce cours du scénario alternatif. 

Comme l'Algérie retarde ses réformes, elle se situe dans le scénario alternatif. L'équilibre budgétaire ne peut être atteint qu'autour de 80 dollars le baril de Brent.

Or, si l'on observe ce que le FMI appelle scénario de base et scénario alternatif, on se rend compte que l'Algérie est plus dans le second cas. Car, selon le FMI, dans le cas du scénario de référence, "la croissance ralentit brutalement sous l’effet du plan d’assainissement budgétaire à moyen terme des autorités". Le gouvernement aurait pu atteindre l'équilibre dès 65 dollars. 

Sauf que le gouvernement algérien n'a jamais adopté une gestion vertueuse. Le déficit budgétaire est de l'ordre de 9% du PIB, ce qui reste à un niveau exagérément élevé et qui correspond au scénario alternatif dont parle le FMI. En effet, l'Algérie a justement choisi un assainissement budgétaire plus progressif au lieu de ramener subitement son déficit à moins de 3% du PIB. Par conséquent, il faut un baril de Brent à 80 dollars pour que le déficit budgétaire soit résorbé, d'après les prévisions du FMI. C'est dire que la planche à billets a encore de beaux jours devant elle. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 30/04/2018 à 19h10, mis à jour le 30/04/2018 à 19h12