Algérie. Aïd El Kebir: le mouton intouchable, au moins deux mois de salaire

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Le 16/08/2018 à 11h30, mis à jour le 16/08/2018 à 13h24

Cette année, les prix du mouton sont sensiblement plus élevés que les précédentes en Algérie, confrontée à un déficit chronique de production qui crée une pression sur les prix.

Plus que six jours pour célébrer la plus grande fête musulmane de l’année, mais nombre d’Algériens se demandent s’ils seront en mesure de faire le sacrifice traditionnel, tant les prix sont élevés. Ces derniers débutent à 35.000 dinars, soit 259 euros ou 170.000 Fcfa et vont jusqu’à 59.000 dinars, selon le quotidien El Watan qui a fait le tour des marchés. Or, en Algérie, le salaire minimum est fixé à 18.000 dinars, soit quelque 155 euros seulement. C'est dire qu'il faut au moins deux mois de salaire pour qu'un chef de famille puisse prétendre avoir un mouton. 

Cet intervalle de prix qui sert de référence pour les moutons, et respectant les standards pour le sacrifice, est fourni par la société Latraco, spécialisée dans la commercialisation de viande d’ovins et de bovins. Cette dernière compte écouler jusqu’à 3000 béliers élevés dans ses propres fermes.

Néanmoins, au niveau de la presse qui s’intéresse beaucoup à la hausse des prix, on estime que pour "un mouton de taille acceptable, il faut débourser autour de 40.000 dinars". C’est du moins ce que pense le site Tout sur l’Algérie qui ajoute que les moutons de compétitions peuvent se vendre au prix exceptionnellement élevé de 170.000 dinars.

Il convient de noter que chaque année, la demande tourne autour de 4,5 millions d’ovins et de caprins pour le sacrifice, ce qui est supérieur à l’offre. D’ailleurs, l’Algérie a recouru plusieurs fois à l’importation pour satisfaire cette demande. Mais, dans cette période où la manne financière du pétrole a tendance à se tarir, il n’est pas question d’importation ni de subvention, d’où les prix de plus en plus élevés. D'ailleurs, l'Algérie est contrainte à l'importation de plusieurs centaines de tonnes de viande rouge chaque année afin de satisfaire la demande intérieure en période normale. 

A titre de comparaison, cette année, pour une population de 35 millions d'habitants contre 41 millions pour l'Algérie, la demande marocaine est estimée à 5,45 millions de têtes d'ovins et de caprins, alors que l'offre globale culmine à 8,1 millions. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 16/08/2018 à 11h30, mis à jour le 16/08/2018 à 13h24