Entre fin juillet et début septembre, plusieurs saisies de devises en passe d'être illégalement transférés hors des frontières algériennes ont été opérées par les douaniers algériens dans différents postes frontaliers, et tout particulièrement dans l’aéroport Houari Boumediene de la capitale. Ainsi, au total, ce sont plus de 4 millions d’euros qui ont été saisis dans les aéroports d’Alger, d’Oran et dans le poste frontalier Betita, limitrophe avec la Tunisie.
Le 1er août dernier, à cette frontière avec la Tunisie voisine, ce sont 2,2 millions d‘euros qui ont été saisis par la Douane algérienne, soigneusement cachés dans un véhicule touristique. La veille, une tentative de transfert illégal de 212 000 euros avait été mise en échec à l’aéroport international Houari Boumediene.
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Au début de cette semaine, et en l’espace de 24 heures seulement, les douaniers, avec le soutien des services de police algériens, ont fait échouer deux transferts illégaux de devises totalisant un montant de 1,6 millions d’euros. Dans les deux cas, les devises étaient dissimulées dans des bagages de passagers qui souhaitaient se rendre en Turquie. D'autres saisies, de montants bien moindres, ont été effectuées dans les principaux aéroports algériens.
Dans ces différentes opérations, les transferts illégaux de devises sont effectués par des jeunes recrutés spécialement pour cette mission, qu'on appelle les "pilotes".
Ces tentatives de sorties de devises qui sévit en ce moment en Algérie correspondent à une véritable hémorragie. Mais le phénomène n'est pas neuf et ce n'est là qu’une infime partie visible de l’iceberg. Les avoirs en devises du pays ne cessent en effet de baisser. Ainsi, selon la douane algérienne, plus de 60 millions d’euros ont été transférés en 2017, sans que cela ne se traduise par des importations de biens ou de services.
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En outre, plusieurs opérations de transferts de devises sont maquillées en opérations d’importations avec, à la clé, une surfacturation. Ainsi, par moins de 250 Algériens font en ce moment l’objet d’enquêtes relatives à leurs transferts de devises par ce biais illégal. Et dans ce cas, les montants concernés sont beaucoup plus conséquents et impactent d'autant plus les réserves en devises du pays.
Reste à savoir comment de tels montants sont transférés... Pour les autorités, il ne fait pas de doute que certaines agences de voyages sont impliquées dans ce trafic.
Il faut dire aussi que l'immense majorité des Algériens sont fortement tentés de recourir à ces transferts illégaux. En effet, ceux qui souhaitent se rendre en tant que simples touristes à l’étranger n’ont droit qu‘à une dotation de 100 euros par an, contre un peu plus de 3500 euros par an pour un Marocain. En conséquence, le recours au marché parallèle de devises et le transfert illégal demeure les seules ressources possibles pour passer des vacances hors d’Algérie. Par ailleurs, ceux qui désirent acquérir des biens interdits d’importation en Algérie ont recours aux transferts illégaux pour acquérir ces biens.
Enfin, dernier facteur et non des moindres, le blanchiment d’argent par le gransfert illégal de devises, et notamment celui de la drogue, demeure presque la seule possibilité de sortir des sommes importantes d'Algérie en recourant à plusieurs «pilotes» en charge de transférer les montants hors du pays.