Algérie: les réformes exigées par le FMI et la BM renvoyées aux calendes grecques

Avec la hausse des prix du carburant en vue, l'Algérien moyen risque de préférer le vélo à la voiture.

Avec la hausse des prix du carburant en vue, l'Algérien moyen risque de préférer le vélo à la voiture. . DR

Le 16/11/2018 à 10h32, mis à jour le 16/11/2018 à 10h35

L'heure n'est plus aux réformes exigées par les partenaires internationaux de l'Algérie. En cette année électorale, le gouvernement fait la part belle aux transferts sociaux, en ayant recours, une fois de plus, à la planche à billets.

En cette année d'élection présidentielle, les réformes promises aux institutions financières internationales devront attendre. La rigueur budgétaire, le réaménagement des subventions, l'alignement des prix du carburant sur les coûts d'importation, tout cela est relégué à 2020, voire 2021. 

C'est le message clair qui tranparaît dans le projet de budget 2019, présenté par le ministère des Finances au Parlement, et qui a été adopté par la première chambre hier, jeudi 15 novembre. Toutes les nouvelles taxes et toutes les hausses de taux d'imposition ont été purement et simplement placées aux oubliettes.

Ainsi, il n'est plus question de la poursuite de l'augmentation régulière des prix du carburant. De même, pas un seul mot ne concerne la réforme du système de subventions. 

Au niveau des recettes, malgré l'inflation estimée à 7,5% en 2019 par le FMI, le Trésor public prévoit une stagnation à 6508 milliards de dinars, soit 48,39 milliards d'euros ou 54,99 milliards de dollars. A quelques millions de dinars près, il s'agit du même montant qu'en 2018. A l'image de l'Algérien moyen, l'Etat subit ainsi une baisse de son pouvoir d'achat à cause de la hausse constante des prix. 

Cette somme devrait venir avant tout des recettes fiscales non pétrolières, qui pourraient être de 3.793 milliards de dinars en 2019, soit 58,3% du total, contre 2.714 milliards de dinars ou 41,7% pour celles liées aux hydrocarbures. 

Concernant les dépenses, la rigueur budgétaire n'est plus à l'ordre du jour, alors que le gouvernement algérien n'a cessé d'en faire la promesse afin d'abandonner le plus rapidement possible le recours abusif à la dangereuse planche à billets.

Ainsi, les dépenses atteindront 8.757 milliards de dinars en 2019, c'est à dire, à peu de choses près, un niveau identique à 2018.

La part la plus importante sera dévolue aux dépenses de fonctionnement, alors qu'en 2018, le gouvernement avait fait la part belle aux dépenses d'investissement. Désormais, toute idée de relance de l'économie est mise en berne, le temps que passe l'année électorale.

Ainsi, quelque 4954 milliards de dinars serviront à couvrir les dépenses de fonctionnement, soit 7,5% de plus qu'en 2018, un niveau jamais atteint.

Dans ce montant, ce sont les transferts sociaux qui représentent la part la plus importante, avec quelques 21% du total des dépenses, soit 1.763 dinars, avec 445 milliards destinés au soutien aux familles, 336 à la politique de santé publique, 290 aux régimes de retraites, 300 à l'habitat, etc. 

Evidemment, quand on espère 6508 milliards de dinars de recettes, alors qu'on compte en dépenser 8757, il faut bien trouver les 2.200 manquants, soit 10% du PIB 2019...

La solution sera encore une fois de recourir à la planche à billets, car l'Algérie a épuisé depuis Mathusalem ce qui lui servait d'épargne budgétaire.

Si l'Algérie continue à tourner le dos au financement international, elle sera bien obligée d'accroître la masse de dinars déjà jugée excessive dans l'économie.

Et pendant ce temps, l'épuisement de ses réserves en devises continuera de créer une véritable tension dans les opérations internationales et pourrait aussi accélérer la sortie illégales de dollars et d'euros... On le constate, la situation est bien tendue...

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 16/11/2018 à 10h32, mis à jour le 16/11/2018 à 10h35