Algérie: la Banque mondiale prévoit de sombres lendemains économiques

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Le 11/10/2019 à 10h03, mis à jour le 11/10/2019 à 10h04

La Banque Mondiale estime que l'économie algérienne devrait ralentir cette année, n’enregistrant qu'une très faible croissance, alors que les déficits jumeaux sont en train de s'aggraver.

"Les incertitudes politiques pourraient entraîner un ralentissement des secteurs autres que les hydrocarbures en 2019", affirme la banque mondiale dans la mise à jour de son rapport de suivi de l'économie algérienne diffusée mercredi 10 octobre. 

Or, ce sont justement ces secteurs hors-hydrocarbures qui permettaient jusqu'ici à l'économie algérienne de maintenir un tant soit peu de croissance. 

En effet, l'industrie pétro-gazière algérienne continue de subir des cours mondiaux relativement bas. Le prix du Brent se maintient à un niveau deux fois inférieur à celui des cours recors de 2008 à 2012.

Selon la Banque mondiale, "la croissance du secteur des hydrocarbures s'est contractée de 6,5% en 2018, puis de 7,7% durant le premier trimestre 2019". 

Pendant ce temps, l'économie algérienne hors-hydrocarbures a connu une croissance respective de "3,4% en 2018 et 3,9% au premier trimestre 2019", toujours selon l'Institution basée à Washington DC.

La distribution, l'industrie, les bâtiments et travaux publics et enfin l'agriculture ont connu une croissance forte avec respectivement 5,6%, 4,6%, 3% et 2,7% au premier trimestre 2019. 

Mais évidement, au regard du poids des hydrocarbures dans l'économie, une telle croissance n’a qu’un faible iimpact. En effet, le pétrole et le gaz représentent encore autour de 40% produit intérieur brut (PIB). C'est ce qui explique que même si le secteur de l'économie hors-hydrocarbures s'est amélioré de 3,4% en 2018, le PIB algérien n'a progressé de 1,5% cette même année. 

La Banque mondiale n'a pas hésité à rappeler que "plusieurs capitaines d'industrie ont été emprisonné, dans le cadre de l'opération mains propres menée par le régime, conduisant vers des perturbations sur le plan économique et des incertitudes concernant les investissements". 

Dans le secteur des hydrocarbures en particulier, "le contexte de crise risque de repousser les perspectives d'accroissement de la production, du fait du retard pris dans l'application des nouvelles dispositions fiscales en matière d'hydrocarbures". 

Toutes ces choses feront que l'économie algérienne devrait décélérer, affichant un taux de croissance du PIB de 1,3% en 2019, contre 1,5% en 2018. 

Pendant ce temps, le pouvoir d'achat des Algériens continuera à s'éroder à cause du niveau de l'inflation qui était autour de 4% en avril, sur un an glissant.

Sur le plan budgétaire, le déficit devrait atteindre 12,1% du PIB, toujours selon la banque mondiale, puisque les autorités non pas eu le courage, en année électorale, de prendre les mesures adéquates pour le réduire convenablement. Depuis novembre 2017, l'énorme déficit budgétaire est financé par la planche à billets. 

Enfin, le déficit commercial devrait également atteindre quelque 8,1% du PIB. Or, le pays est de plus en plus confronté à l'épuisement de ses réserves de change, ce qui l'expose au recours à l'endettement extérieur. Un mode de financement incompatible avec la planche à billets, dont la Banque mondiale et le FMI exigent l'abandon dans les plus brefs délais. 

Par Djamel Boutebour
Le 11/10/2019 à 10h03, mis à jour le 11/10/2019 à 10h04