Algérie: à cause des rivalités de ses dirigeants, la production de la Sonatrach est en chute libre

Le siège de la Sonatrach à Hydra.

Le siège de la Sonatrach à Hydra.

Le 02/06/2020 à 11h33, mis à jour le 03/06/2020 à 18h41

Alors qu'elle produisait plus d'un million de barils de pétrole par jour en janvier dernier, l'Algérie n'en sort plus que 700.000 de ses puits. Une situation qui commence à devenir inquiétante.

Un malheur ne vient jamais seul. La Sonatrach algérienne devait déjà faire face aux cours les plus bas du baril de pétrole enregistrés depuis des années. Elle doit maintenant composer avec l'annulation du contrat de l'un de ses principaux clients, en l'occurrence l'espagnol Naturgy. De plus, des rivalités entre ses dirigeants font chuter sa production. 

Tout le mois de mai durant, la production journalière n'a pas dépassé 700.000 barils/jour selon le site d'information Algérie Part, qui lie cette situation inédite à deux principales raisons.

D'une part, il y a les quotas que se sont imposés les principaux pays producteurs mondiaux (OPEP+) dans le cadre de l'accord signé en avril pour faire remonter les cours. D'autre part, et c'est le plus inquiétant, il y a les difficultés de production propres à la Sonatrach à cause de décisions de management inappropriées en temps de crise, selon le média en ligne. 

C'est ce qui explique qu'au lieu de limiter la baisse à 200.000 barils de moins par jour afin d'en extraire 800.000, le premier producteur d'Afrique du Nord a été obligé de se priver de 100.000 barils supplémentaires par rapport au quota de baisse de l'OPEP+. 

Il y a eu récemment plusieurs nominations dans le top management de l'entreprise, notamment au niveau de la division production, sans doute la plus importante de toutes. Alors que l'outil industriel connaît des défaillances, notamment dans les provinces du sud, l'arrivée d'un nouveau chef au département stratégique aurait ralenti la mise en place de solutions adéquates.

Selon le site d'information, de graves dissentions existent entre Toufik Hakkar, le nouveau PDG nommé par Abdelmadjid Tebboune, et les hauts-cadres du groupe, dont certains cumulent des décennies de carrière au sein de l'entreprise. C'est le cas notamment de son vice-président, en l'occurrence Mohammed Slimani, âgé de 51 ans dont 29 passés au sein même du groupe.

Cet homme qui maîtrise l'entreprise apparemment mieux que son propre patron "entretient depuis plusieurs semaines des rapports envenimés" avec lui, explique Algérie Part

En somme, en pleine crise, ceux qui sont censés mener le navire Sonatrach à bon port jouent à se savonner la planche, au point que les recettes des hydrocarbures dont dépend le pays risquent de se réduire à peau de chagrin. 

Avec 700.000 barils par jour et un cours du baril qui ne dépasse pas les 35 dollars, les caisses du pays risquent d'être plus vides que jamais. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 02/06/2020 à 11h33, mis à jour le 03/06/2020 à 18h41