Algérie. Baccalauréat: le régime fait perdre 1,7 milliard d'euros à l'économie, selon un expert

Salle d'examen, lors du baccalauréat.

Salle d'examen, lors du baccalauréat. . DR

Le 18/09/2020 à 10h11, mis à jour le 19/09/2020 à 12h37

Les autorités algériennes ont recours à une solution extrême pour éviter que les candidats au baccalauréat ne s'adonnent à la triche. Sauf que toute l'économie du pays en pâtit, avec un coût exorbitant pour des milliers d'entreprises et des millions de citoyens.

L'accès à internet a été coupé et les réseaux sociaux ont été bloqués pendant cinq jours, cette semaine en Algérie, pour combattre la triche pendant les épreuves du baccalauréat, diplôme convoité, car porte d'entrée à l'université.Depuis plusieurs années, les autorités algériennes ont recours à cette mesure radicale qui perturbe sérieusement des activités économiques cruciales et autres, en particulier à l'heure de la crise sanitaire. Pourtant, il y a d'autres solutions, explique Younès Grar, consultant en technologie de l'information et de la communication.

"Il est inadmissible qu'en 2020 nous soyons obligés d'imprimer les copies d'examens à Alger et de les transporter par avion ou par bus vers les autres wilayas (préfectures), avec tout ce que cela entraîne de contraintes, de charges et de complications à l'ère du multimédia, de l'internet, et du tout numérique", estime cet expert.Les autorités auraient pu prévoir un ordinateur et une imprimante dans chaque centre d’examen et imprimer les sujets le matin même des épreuves. Il y a aussi les brouilleurs qu'on aurait pu installer dans les centres d'examens, fail-il valoir.  Car, la coupure d'internet "nous a contraints à bloquer le pays et son économie", regrette-t-il. Et d'ajouter: "Si les opérateurs de téléphonie mobile par exemple devaient rembourser leurs clients à raison d'un dollar (0,85 EUR) par jour, le tarif quotidien de la connexion en Algérie, ils devraient débourser 150 millions USD (126 M EUR) pour les cinq jours de coupures, de dimanche à jeudi, sachant que le pays compte quelque 30 millions d'abonnés à l'internet mobile".

Il y a des entreprises dont les activités sont basées sur l'internet comme les compagnies de taxis, l'e-commerce, les formations en ligne, sans oublier les banques. "Personne ne peut estimer les pertes exactes, mais nous pouvons affirmer que le pays a perdu des centaines de millions de dollars", souligne Grar.

Il esquisse un bref calcul qui doit faire réfléchir le régime. Car, "on évalue les pertes accumulées lors d'une coupure d'internet à 50 millions de dollars par heure, soit 400 M USD pour les huit heures de coupure quotidienne pendant le Bac. Le préjudice pourrait donc atteindre deux milliards USD (1,70 md EUR) pour les cinq jours d'examen en Algérie".Il se pose la question de savoir si l'Algérie est obligée "d'organiser ce baccalauréat de cette façon-là". "N'est-il pas temps de prévoir des réformes pour cet examen? Pourquoi ne pas penser, par exemple, à un baccalauréat régional dans chacune des 48 wilayas (préfectures)?", se demande Grar."Il y a d'autres schémas qui ont été adoptés par d'autres pays", conclut-il. "Il est temps de se poser cette question et d'essayer de trouver des réponses, même s'il est un peu difficile de réformer l'examen du baccalauréat à court terme".

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 18/09/2020 à 10h11, mis à jour le 19/09/2020 à 12h37