Voici pourquoi près de la moitié des salariés algériens vivent dans la précarité

45% des salariés perçoivent un revenu mensuel inférieur à 233 dollars.

45% des salariés perçoivent un revenu mensuel inférieur à 233 dollars. . DR

Le 05/02/2021 à 12h05, mis à jour le 05/02/2021 à 12h47

Actuellement près de la moitié des salariés algériens perçoivent un revenu mensuel qui se convertit dans le marché des devises de Square Port Saïd à 176 dollars, selon les données évoquées par la Banque mondiale dans son récent rapport.

C'est un constat qui donne froid dans le dos. Près de la moitié des salariés algériens vivent en dessous du seuil de pauvreté, si l'on regroupe à la fois les données de la direction générale des impôts au critères de la Banque mondiale, qui vient de tirer la sonnette d'alarme dans un rapport diffusé récemment.

"Selon la Direction générale des impôts, 45,5% des 11 millions de travailleurs algériens perçoivent des revenus mensuels inférieurs à 30.000 dinars, soit moins de 233 dollars US, signe d’un emploi vulnérable", affirme la BM dans ce document que cite Algérie Part, le média électronique.

Depuis l'édition du rapport, non seulement les 30.000 dinars ne valent plus que 224 dollars officiellement, mais en plus la vie est devenue beaucoup plus chère. Sans compter que, sur le marché noir, cette somme ne correspond qu'à quelque 176 dollars, puisqu'un dollar y correspond à 170 dinars environ.

La réalité parait donc bien triste pour ceux parmi les 11 millions de salariés qui ont trois personnes à charge, en plus d'eux-mêmes, car ils tomberaient de facto en deça du seul de pauvreté, selon les critères de la Banque mondiale qui fixe un minimum de 1,90 dollar par personne et par jour. Or, si quatre personnes vivent avec un salaire de 30.000 dinars qui ne valent que 176 dollars, le calcul est vite fait. Chaque personne se retrouve à peine avec 1,44 dollar par jour.

Mais au-delà de la faiblesse des revenus, l'inflation des prix des produits de première nécessité est plus inquiétante, estime la même source, qui cite quelques exemples d'augmentation des prix dans les 10 dernières années. Selon Algérie part, "les prix de la viande de mouton ont augmenté de plus de 30% en moyenne depuis 2012. Les prix des poissons frais ont augmenté en moyenne de 30% chaque année depuis 2010. Les prix des huiles et graisses ont augmenté en moyenne de plus de 8% chaque année. Les prix des boissons non-alcoolisées ont augmenté en moyenne de près de 17% depuis 2010. Les augmentations des prix des fruits de près de 30% depuis 2016. Les prix des légumes augmentent annuellement de plus de 12% depuis 2015".

Comment, dans ces conditions, échapper à la pauvreté quand on touche un salaire de 30.000 dinars qui ne valent que 176 dollars sur le vrai marché de change algérien à Square Port Said?

En tout cas, cette situation mise en lumière par le rapport de la Banque mondiale explique à bien des égards les nombreux foyers de tensions sociales qui existent actuellement dans le pays.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 05/02/2021 à 12h05, mis à jour le 05/02/2021 à 12h47