Algérie: Abdelaziz Bouteflika déverse sa haine contre la presse électronique

DR

Le 22/10/2016 à 08h31, mis à jour le 22/10/2016 à 15h11

Le président algérien semble avoir une dent contre la presse électronique. Pour lui, celle-ci diffuse des insinuations calomnieuses et injurieuses et sème des idées subversives. En conséquence, il appelle à sa "régulation". Les professionnels du secteur doivent s’inquiéter.

«Je voudrais saisir cette opportunité pour aborder, pour la première fois, un sujet qui constitue un défi fondamental pour la corporation de la presse algérienne et pour l’Algérie tout entière, à savoir la presse électronique qui domine aujourd’hui le monde entier», dixit le président Abdelaziz Bouteflika, qui s’adressait à la presse de son pays à la veille de la célébration de la Journée nationale de la presse, célébrée ce samedi 22 octobre, dans un message diffusé par l’agence officielle Algérie Presse Services (APS).

Ainsi, dans son message, le président Bouteflika explique que le défi fondamental auquel fait face l’Algérie ne se nomme pas crise économique, chômage des jeunes, diversification économique,…, mais «presse électronique». Celle-ci, outre le fait «qu’elle réduit le marché de la presse écrite», qui semble encore avoir les faveurs du président, «est un défi pour l’Algérie tout entière du fait qu’elle (presse électronique) provient souvent de pays étrangers et permet de diffuser des insinuations calomnieuses et injurieuses, de semer les idées subversives voire de s’attaquer ouvertement et sans aucun scrupule à notre peuple et à notre pays». En clair, les multiples révélations des sites électroniques sur la situation en Algérie et les scandales de tout ordre révélés par ces canaux d'informations ne sont pas du goût du président algérien.

Et si la presse écrite ou audiovisuelle a les faveurs du président, c’est que celle-ci est plus facile à contrôler alors que les réseaux sociaux sont plus dificilement saisissables.

Face à cette situation, il faut sévir. Et sur ce point, le discours du président algérien ne présage pas rien de positif pour cete presse devenue pourtant incontournable. «La presse électronique fait désormais l’objet de réflexion pour sa régulation dans d’autres pays et je souhaite que l’on parvienne, journalistes, responsables de l’Etat et société civile, à réfléchir ensemble à cette question dans notre pays», souligne Boutéflika.

Une réflexion qui laisse craindre des tentations de restrictions de cette presse électronique devenue indispensable et qui dérange du fait qu’elle est plus difficile à contrôler. C’est ce que craint à juste titre Lakhdar Benkhela, député et cadre du Front pour la justice et le développement, qui réagissait sur tsa-algérie.com. D’après lui, «après les restrictions sur les militaires avec la loi (dont les mesures leur imposent le silence) et les restrictions sur la scène politique avec la nouvelle loi électorale, le tour de la presse est venu».

Par Karim Zeidane
Le 22/10/2016 à 08h31, mis à jour le 22/10/2016 à 15h11