Durant le ramadan de l'année dernière, la caméra cachée qui se moquait des convictions religieuses de l'écrivain Rachid Boudjedra avait fait scandale. Cette année, les Algériens n'auront guère mieux à regarder sur leurs écrans de télévision. Dans l'ensemble des séries qui leur sont proposées, la violence, la provocation, la misogynie, le dénigrement sont présents sur toutes les chaînes à l’heure de la rupture du jeûne. Alors que l’imagination fertile et la subtilité de l’humour sont cruellement absentes des programmes. Versant dans une incroyable facilité, ces chaînes proposent toutes des caméras cachées aux scénarios qui ne font rire que les simplets.
Ennahar, par exemple, revient avec ces célébrités qu’elle veut piéger. Dans l’une de ses caméras cachées, un jeune footballeur du Mouloudia Club d’Alger, en l’occurrence Mohamed Chérif El Ouazzani, est accusé de dopage par un faux médecin qui lui annonce les résultats d’un test. Pendant ce temps, une fausse infirmière informe au téléphone deux prétendus journalistes, l’un avec un micro, l’autre avec une caméra, qui débarquent pour une interview dès que le joueur sort de la salle de consultation.
La manière dont la chaîne abreuve les téléspectateurs de violence tout au long des dix interminables minutes que dure la scène est sidérante. D’abord violence envers un jeune joueur qui croit que sa carrière est brisée quand le médecin tape du poing sur la table. Et violence à nouveau quand les faux journalistes veulent le pousser à bout. Ils atteindront leur objectif en prenant quelques coups au passage. Rien de drôle dans tout cela, aucune leçon à tirer de cette caméra cachée, si ce n’est que la bêtise du réalisateur et de la chaîne n’a aucune limite.
Dans une autre émission, des passants sont piégés avec un faux tour de magie. Ils sont alors enchaînés à la main du comédien et la formule magique ne marche pas. Si la première victime, une jeune femme, réussit à garder le sourire, la seconde, un jeune homme agacé d’être retenu, assène un violent coup de tête à son piégeur. Et c’est cette séquence qui est repassée une infinité de fois au ralenti, comme pour pousser les téléspectateurs algériens à rire de cette violence.
Sur ENTV, autre chaîne, même absence de créativité. Toujours dans une caméra cachée, un chanteur est piégé dans un mariage où il devait chanter. Une dame qui veut intervenir lui emprunte un micro, le chanteur s’exécute et la famille du marié reproche à ce dernier d’avoir arrêté sa prestation. Certes, les coups ne fusent pas, mais toute cette mise en scène inutile montre aussi bien une absence d’intrigue et une sécheresse des idées.
Aucune des scènes qui sont exploitées n’a un côté instructif et les téléspectateurs sont en droit de douter de leur caractère drolatique. Ce qui est certain, c’est qu’avec de telles émissions, le ramadan 2018 promet d’être long.