Algérie: Cazeneuve épargné de subir l'épreuve Bouteflika

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Le 06/04/2017 à 18h26, mis à jour le 06/04/2017 à 18h35

C'est bien la première fois qu'un Premier ministre français devra se contenter d'être reçu par son homologue. Le Président Bouteflika n'aura pas à subir la situation "abjecte" dans laquelle l'avait mis Manuel Valls il y a tout juste un an. Quelques secondes de télé n'en valent pas la peine.

Bouteflika va bien. Si bien qu'il ne peut pas recevoir Cazeneuve, le Premier ministre français ? Entre la version du service communication du Palais d'El Mouradia et la réalité, il semble qu'il y ait un écart long comme le bras. En tout cas, cette situation appelle deux hypothèses. La première c'est que du côté d'Alger, on ne veut pas que se répète le cauchemar Manuel Valls, il y a exactement un an, en avril 2016.

En effet, l'ex-Premier ministre français avait publié une photo sur Twitter le montrant à côté d'un Abdelaziz Bouteflika vraiment affaibli. La presse et les autorités algériennes n'avaient pas hésité à ruer dans les brancards avec des qualificatifs les plus durs envers Valls. Qui parlait de "complot", qui titrait sur la "manipulation", qui encore dénonçait un "manque de respect". "Agression délibérée", "atteinte à l'Algérie", tout y est passé avec des indignations venant aussi bien de la classe politique, que des syndicats. C'était devenu une vraie affaire d'Etat.

Du côté de la présidence, un conseiller avait parlé de tweet "abject". Les regrets exprimés par Valls et ses explications n'avaient pas réussi à éteindre la polémique. Pour ne pas avoir à en arriver là, mieux vaut garder Bouteflika bien au chaud, à l'abri des tweets indiscrets de Bernard Cazeneuve.

Vidéo: Le président Sassou Nguesso a eu beaucoup de mal à regarder son homologue

La deuxième hypothèse c'est que l'état de santé de Bouteflika est pire qu'il n'était déjà au moment de la visite de Denis Sassou Nguesso il y a une semaine. Les deux dernières fois où le président algérien est apparu à la télé, c'est un euphémisme de dire qu'il n'avait pas l'air d'être en grande forme. Ses images avec le président congolais ont inspiré aux internautes beaucoup de compassion, à cause de la mise en scène digne des plus dramatiques pièces de théâtre. On y voyait Denis Sassou Nguesso ne pouvant porter le regard plus de deux secondes sur son hôte. Alors que Bouteflika, les yeux hagards, le geste lent, un micro lui pendant à l'oreille, avait visiblement du mal à communiquer avec son invité. On se demande bien pourquoi on lui fait subir cette épreuve encore et encore.

Avant Sassou Nguesso, en début mars, Bouteflika était passé à la télévision dans des conditions tout aussi ubuesques pour rassurer l'opinion et faire taire la rumeur persistante de sa mort. En effet, il était resté pendant 55 jours sans jamais apparaître en public. Entre-temps, il avait annulé sa rencontre avec Angela Merkel pour cause de "bronchite aigüe".

Vidéo: Après le camouflet de l'annulation de la visite de Merkel, un grand moment de télévision...

Cette fois-ci, le service communication s'est certainement dit qu'il fallait plus de décence vis-à-vis de la santé fort déclinante de Boutefika. Quelques secondes devant les caméras n'en valaient finalement pas la peine. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 06/04/2017 à 18h26, mis à jour le 06/04/2017 à 18h35