Algérie: l'hilarante fatwa anti-tramway du Premier ministre Sellal

Sellal cache ses soucis financiers en trouvant des défauts au tramway.

Sellal cache ses soucis financiers en trouvant des défauts au tramway. . DR

Le 02/05/2017 à 13h11, mis à jour le 02/05/2017 à 14h23

Constatant l'échec de sa politique en matière de transport urbain, Abdelmalek Sellal, le Premier ministre algérien, s'est fendu d'une surprenante déclaration. Selon lui, le tramway n'est qu'un simple objet décoratif dont les villes qui n'en sont pas encore équipées doivent se passer.

"Le tramway n'est qu'un objet décoratif", décrète religieusement Abdelmalek Sellal. C'était lors de sa tournée politique à Batna, dans l'est du pays, à 392 km d'Alger. Depuis plusieurs années, les 300.000 habitants de cette ville attendent le tramway qui leur avait été promis, dans le cadre d'un vaste programme que Sellal lui-même revendiquait. Ils ont malheureusement entendu le chef du gouvernement algérien leur dire que ce moyen de transport n'avait aucun sens.

La presse algérienne n'a pas raté le Premier ministre, commentant et son attitude et son propos ubuesque. Dans le Matin d'Algérie on constate son “doigt au ciel" et son "regard sûr” au moment où il a déclaré "qu'on le veuille ou non, le tramway est fait pour décorer une ville et n'a aucun sens. Le tramway a même défiguré certaines de nos villes".

Constat d'échec

Selon lui, la politique algérienne dans ce domaine de transport urbain est un regrettable bide. "L'Etat a échoué dans la politique du tramway. Laissez tomber cela. Il a été implanté, mais allez constater par vous-mêmes, dans les villes où il a été mis en circulation, il a défiguré les villes et a causé d’énormes problèmes de circulation", grognonne Sellal sans le moindre sourcillement.

Pourtant, c'est bien lui qui avait fait venir le Français Alstom, installant même une usine pour le montage des wagons. Sauf que tout cela, c'était quand les cours du pétrole étaient à leur plus haut niveau et qu'il pouvait se permettre de dépenser sans compter. 

Il a bien choisi l'endroit. Dans cette localité perdue au milieu d'un paysage lunaire, les jeunes des villages environnants n'ont d'autres perspectives que de devenir casseurs de pierres et de mourir de silicose, une fatale affection pulmonaire.

Ici, avec un taux de chômage des plus élevés, seuls les chantiers publics permettent d'avoir droit à sa part de rente pétrolière. Mais le taux d'analphabétisme est tellement élevé qu'en d'autres circonstances, les habitants locaux auraient pu prendre ce rétropédalage de Sellal comme un texte biblique.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 02/05/2017 à 13h11, mis à jour le 02/05/2017 à 14h23