C’est une drôle de République que celle d'une Algérie où l'on joue en permanence à se savonner la planche entre responsables, tout en entretenant une ambiance malsaine de basse-cour. Hier dimanche 30 juillet, tout le gotha s'est retrouvé au cimetière pour l'enterrement de Réda Malek. Au-delà des bonnes gens, il y avait surtout les caméras de télévisions, les photographes et bien sûr les journalistes.
C'était donc l'occasion rêvée pour Saïd Bouteflika, le frère du chef de l'Etat algérien, de lancer un message envers Abdelmajid Tebboune, tout en prenant à témoin l'Algérie entière, au grand bonheur de Ali Haddad, le patron des patrons.
Tels deux acteurs qui sur-jouent leur rôle, c'est à coups de grands sourires et d'accolades qu'ils se sont dits bonjour, sous la protection des sbires de la présidence.
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Car Haddad était au centre de toutes les attentions de S. Bouteflika, qui n'a pas voulu se séparer de lui, faisant ainsi oublier l'humiliation que lui avait fait subir Abdelmajid Tebboune, deux semaines auparavant. Ainsi, les deux hommes ont été inséparables durant toute la cérémonie d'inhumation. Cette attitude confirme que Tebboune s'était fait taper sur les doigts après la cavalcade contre le PDG du consortium ERHTP, et patron des patrons algériens. Ce qui justifie le rétropédalage constaté la semaine dernière et qui s'est concrétisé par une rencontre avec son ennemi déclaré.
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Quoi qu'il en soit, selon la presse, même au moment de quitter les lieux, quand Haddad a voulu prendre sa voiture, Saïd Bouteflika s'y est opposé en l'invitant à grands gestes pour qu'il fasse le voyage retour avec lui dans son propre véhicule.
D'aucuns prédisent déjà un affrontement entre les partisans de Saïd Bouteflika et ceux qui considèrent tenir leur pouvoir directement de Abdelaziz Bouteflika. Une guerre entre les clans respectifs des deux frères? L'opposition s'empresse de mettre en garde le Premier ministre qui avait décrété la fin de la République des copains politiques et des coquins businessmen. Plus difficile à faire qu'à dire apparemment.