Algérie: les médecins grévistes se radicalisent

La grève des médecins a été sévèrement réprimée le 3 janvier.

La grève des médecins a été sévèrement réprimée le 3 janvier.

Le 05/01/2018 à 16h48, mis à jour le 05/01/2018 à 16h50

Les médecins grévistes algériens poursuivent leur mouvement social et refusent désormais d'avoir le ministre de la Santé comme interlocuteur.

Après leur passage à tabac par les forces répressives algériennes et l'indignation générale, les médecins algériens ne veulent plus que Mokhtar Habellaoui, le ministre de la Santé, soit leur interlocuteur. Ils s'adresseront désormais au Premier ministre Ahmed Ouyahia, dont l'intervention est posée comme une condition sine qua none pour la reprise du dialogue, selon le quotidien algérien El Watan, qui revient sur les exigences des médecins et l'attitude irrévérencieuse des autorités vis-à-vis des 15.000 médecins. 

Si les toubibs algériens sont snobés par le régime, c'est peut-être parce qu'"au moindre souci de santé, aucun de ces hauts responsables ne prend le risque de se soigner au pays et se précipite pour se faire prendre en charge à l’étranger, notamment en France", souligne le quotidien. 

Le silence des autorités est de nature à radicaliser le mouvement qui, à la base, est motivé par des demandes simples liées aux conditions de travail, au manque de matériel médical et de médicaments, mais aussi au statut personnel des médecins. En effet, les médecins dénoncent "le service civil qui bloque les résidents, le service militaire que les hommes accomplissent après leur service civil". De même, les femmes n'ont droit qu'à un congé maternité d'un mois, qui plus est soumis au bon vouloir des seuls professeurs qui les encadrent. Enfin, se pose également la question de la rémunération, puisque les œuvres sociales n'ont pas été peçues depuis 2011. 

Pour le moment, ce silence est une manière pour Ouyahia et son ministre de la Santé de jouer la montre, après avoir envoyé les policiers mater la marche du 3 janvier. 

La grève, qui a débuté la veille des incidents qui ont fait une vingtaine de victimes, se poursuit. De sorte qu'actuellement, seul le service minimum est assuré, notamment aux urgences des hôpitaux. En attendant, les Algériens ont intérêt à ne pas tomber malade ou à avoir les moyens de se soigner à la clinique d'Alembert à Grenoble ou à l'hôpital du Val de Grâce à Paris, deux établissements où le président Bouteflika a ses habitudes. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 05/01/2018 à 16h48, mis à jour le 05/01/2018 à 16h50