Après les multiples déclarations ostensiblement racistes des autorités algériennes à l’endroit des migrants, on pensait que plus rien ne pourrait surprendre les organisations de défense des droits de l’Homme. C'était sans compter sur cette déclaration de Saïda Benhabiles, présidente du Croissant-Rouge algérien (CRA). Selon elle, les critiques faites contre l’Algérie en ce qui concerne la question des migrants sont "un non-événement". Ce qui est une manière de nier la situation des migrants et le traitement inhumain que leur réserve le gouvernement algérien. Car, ces critiques qu'elle veut minimiser sont fondées sur des faits cruels dont se sont rendues coupables les autorités algériennes.
En effet, au-delà d'ONG aussi sérieuses que la Ligue algérienne des droits de l'Homme et la Croix-Rouge internationale, les Nations unies ont également condamné les expulsions de migrants dans des conditions inhumaines, ainsi que les rafles et la détention dans des camps militaires de migrants. Avant elles, les autorités nigériennes également s'étaient indignées du fait que des migrants soient jetés à longueur d'année à sa frontière avec Algérie. La Guinée avait rappelé son ambassadeur et les migrants maliens s'étaient vengés contre l'ambassade d'Algérie à Bamako. Devant de telles évidences, comment Saïda Benhabiles peut-elle se permettre de parler de "non-événement".
Dans sa volonté négationniste, Saïda Benhabiles n'hésite pas à dénigrer ceux qui pointent du doigt l’Algérie, affirmant qu’il s’agit d’ONG étrangères agissant avec la complicité de parties algériennes. Saïda Benhabiles s’exprimait à Oran mercredi 6 juin, après avoir été interpellée sur le sujet.
Ses propos s’inscrivent en droite ligne des nombreuses dérives des dirigeants algériens dont le Croissant-Rouge est souvent complice, selon plusieurs témoignages des migrants victimes de rafles.
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En décembre 2016, Farouk Ksentini, le conseiller de Bouteflika en matière de droits de l’Homme avait déjà associé migration et sida. Six mois plus tard, Ahmed Ouyahia, alors directeur de cabinet de Bouteflika, disait que les migrants subsahariens amenaient en Algérie "crimes, drogue et plusieurs autres fléaux". Des propos que reprenait à son compte le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel.
Or, il ne fait aucun doute que la présidente du Croissant-Rouge algérien mange à tous les râteliers, ce qui l’empêche d’être indépendante des apparatchiks et de se montrer à la hauteur de l’organisation qu’elle préside.