Algérie: le parti-Etat est plus que jamais d'actualité

Le360/ Youssef El Harrak

Le 23/10/2018 à 17h26, mis à jour le 23/10/2018 à 18h47

L'alliance FLN-RND vient de montrer qu'elle est au-dessus des institutions algériennes, en décidant d'évincer le président de la chambre basse du Parlement. L'Algérie, à l'image de la Corée du Nord, est dirigée par un parti-Etat.

A défaut d'institutions fortes, l'Algérie se contente d'un parti fort. Cela semble largement suffire aux 40 millions d'Algériens anesthésiés à la fois par une politique d'Etat providence et de répression de l'opposition, toutes les oppositions. Tout, dans l'actualité récente de ce pays, montre qu'il est à l'image de la Corée du Nord. La démocratie et les institutions censées en être l'émanation ne sont que de façade.

L'état dans lequel se trouve Abdelaziz Bouteflika, le capharnaüm parlementaire qui secoue la Chambre basse de l'hémicycle, la vague de limogeages des généraux puis l'incarcération de certains d'entre eux... Tout renvoie à la toute-puissance du parti ou peut-être des deux partis alliés que sont le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND).

Pour Abdelaziz Bouteflika, tout le monde sait qu'il est devenu impotent, malade depuis 2013, comme le prouvent ses rares apparitions. Pourtant, le parti continue à prononcer des discours en son nom, des décrets sont signés tous les jours pour destituer de hauts responsables, en nommer d'autres. En somme, on gouverne en son nom. Et ces décisions n'auraient jamais eu de légitimité si tout le parti-Etat n'avait pas accepté le fait que le plus important est moins l'institution du président de la république que l'ensemble FLN-RND. Or cette union politique, sans qu'on ne sache par quel miracle, semble aussi prendre ses ordres de Said Bouteflika lui-même.

La force de ce parti-Etat s'est manifestée dans la récente crise au niveau du parlement. En effet, ne s'appuyant sur aucune disposition de loi valable, les députés du FLN et du RND ont montré qu'ils avaient plus de pouvoir que la troisième personnalité dans l'ordre protocolaire algérien, à savoir le président de la chambre basse, Saïd Bouhadja. Ce dernier vient d'affirmer qu'il ne démissionnera pas, mais il sait que la partie est déjà jouée. Sa résistance ressemble à s'y méprendre à un baroud d'honneur.

Enfin, la vague de limogeages qui a secoué la grande muette montre bien qu'il y a une connivence voire des collusions d'intérêts entre l'armée et l'entourage de Bouteflika qui n'est autre que la manifestation du parti.

Le problème est que le parti obéit comme un seul homme à chaque fois qu'un ordre lui est intimé par l'entourage de Bouteflika, prétextant qu'il s'agit d'une instruction du chef de l'Etat algérien. C'est en quelque sorte ce qui explique l'éviction de Saïd Bouhadja. Au final, le parti-Etat se résume en cet entourage de Bouteflika. Mais qui est-il réellement?

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 23/10/2018 à 17h26, mis à jour le 23/10/2018 à 18h47