Vidéo. Algérie. Présidentielle: des candidats pas si farfelus que cela

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Le 24/01/2019 à 14h08, mis à jour le 24/01/2019 à 14h10

VidéoA peine l'électorat algérien a-t-il été convoqué que beaucoup veulent se lancer à corps perdu dans la course à la présidentielle. Certes, la pré-campagne électorale algérienne paraît tourner à la farce. Mais à bien y regarder, ces candidats anonymes mettent le doigt sur les vraies tares du pays.

Pas moins de 61 candidats potentiels ont d’ores et déjà retiré le formulaire de candidature à la présidentielle, auprès du ministère algérien de l’Intérieur. Parmi eux, on retrouve des personnes qui donneraient presque aux Algériens l'envie d’offrir au président Bouteflika un cinquième mandat, malgré son infirmité et sa maladie.

En effet, les déclarations de d’entre eux, interrogés par les caméras de la télévision nationale, en attente devant le Palais du gouvernement à Alger, prêtent à sourire, à l'instar de cette «candidate» qui répond au nom de Nassira Azira, originaire de Bouira, à une quarantaine de kilomètre d’Alger, qui reconnaît n’avoir aucun «niveau», mais qui «veut aider le pays et les jeunes pour qu’ils travaillent et qu’ils mangent». Selon elle, sa victoire à la présidentielle permettra aux jeunes Algériens désœuvrés de ne plus mourir dans les vagues de la Méditerranée, en cherchant désespément à émigrer. 

Cet autre «candidat» se présente quant à lui avec femme et enfants face aux caméras. Il estime qu’avec lui au moins, une épouse va résider au Palais d’El Mouradia. Il fait ici clairement allusion au célibat prolongé de Bouteflika, qui vient de boucler vingt ans de mandats successifs à la tête du pays. «Une famille algérienne sera à El Mouradia, pour vivre ce que vivent les Algériens», promet-il, tout simplement.

Ce commerçant de Bab El-Oued, répondant au nom de Ayache Hafaifa en est, quant à lui, à sa troisième «candidature», après avoir échoué aux élections de 2009 et de 2014. Cette fois sera sûrement la bonne selon lui, car il affirme n’avoir face à lui qu’un homme qui ne s’est pas adressé aux Algériens depuis six longues années. Il clame haut et fort qu’avec lui, «l’armée, les médias et la justice seront indépendants». Toutefois, sa seule appréhension est un autre candidat, Abdelkarim Mokri, qui pourrait l’empêcher de sortir victorieux lors du scrutin du 18 avril 2019. 

Parmi d'autres futurs «candidats», il y a aussi Abdel Kader Missoum, alias Specifik, un ancien député qui n’a pas réussi à conserver son siège au Parlement, mais qui espère tout de même, en briguant la magistrature suprême, convaincre les Algériens. «Des partis soutiennent le cinquième mandat» comme s’il «n’y a donc personne pour se présenter et faire le changement», s’insurge-t-il... Son rêve est de rompre avec une tradition qui a la vie dure. Puisque depuis l’indépendance de l'Algérie, il n’y a jamais encore jamais eu d’alternance dans le pays. 

Si a priori, on est évidemment parfois amusé par le caractère bien souvent très farfelu de ces candidatures, on se rend tout de même compte que ces citoyens lambda mettent le doigt sur les maux profonds d’une Algérie sclérosée.

Ceux-ci souhaitent non seulement le départ de Bouteflika, mais aussi la réforme de tout un système, actuellement miné par un népotisme qui perdure depuis l'indépendance, en 1962.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 24/01/2019 à 14h08, mis à jour le 24/01/2019 à 14h10