"Afin de justifier une candidature fantasque et humiliante, pour lui-même et la nation, le président à vie n’a rien trouvé de mieux que de proclamer son ralliement à l’idée de procéder aux réformes de fond préconisées par l’opposition démocratique qu’il a combattues pendant vingt ans d’un règne que paieront, dans le meilleur des cas, deux sinon trois générations", affirme Sadi, ancien président et membre fondateur du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD)
Dans cette longue diatribe, qui tiendrait à peine dans trois pages d’un journal tabloïde, il s’attaque aux infirmités du régime algérien qui empêchent tout un pays d’avancer.
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A travers cette contribution qu’il a intitulée "L’épreuve de vérité", il regrette que l’Algérie, "un pays de cocagne" soit devenue "une réplique africaine du Venezuela dont un chef d’Etat, ivre de son pouvoir et ignorant la détresse de son peuple, a fini par provoquer la mise sous tutelle de son pays". A cette différence près qu’à Caracas, le changement pourrait venir du sursaut du peuple qui manifeste dans les rues depuis des mois, alors "qu’Alger bruisse de rumeurs nourrissant les fantasmes du retour de l’imam el Mahdi".
Déni
Selon lui, "l’Algérie que nous avons connue a vécu» et les acteurs de tous bords se «réfugient dans le déni". Parce que le pays n’est qu’une succession d’échecs dans "ses repères symboliques, ses fondements institutionnels et sa geste politique, avec leur cortège de régression culturelle, de délabrement social et de marasme économique".
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Il poursuit avec les "quatre gredins (les partis FLN, RND, TAJ et MAP, Ndlr), dont les bases militantes effectives ne recouvriraient même pas leur propre famille (et qui) sont affectés aux tâches ménagères, le temps de permettre aux mentors de préparer le décor, colmater leurs différends et, autant que faire se peut, lustrer le poster-candidat".
Si la belle promesse algérienne en est arrivée à ce niveau, c’est parce qu’un "système oligarchique (…) a confisqué, avant de les épuiser, les ressources morales, humaines et physiques du pays", écrit Sadi.
Face à ces échecs, "les propositions les plus audacieuses" font croire qu’il suffit d’écarter Bouteflika et son projet de cinquième mandat, pour régler le problème. "On touche là au fond de la problématique nationale. L’impasse algérienne n’est pas seulement angoissante par sa profondeur, sa complexité et ses implications, elle est aliénante par le fait que la domestication culturelle et politique des élites interdit la réflexion en dehors du périmètre conceptuel dessiné par des rapports de force historiquement régis par la violence et l’opacité".
Incongruités
Il estime que le régime en place, par sa gouvernance, a jeté aux oubliettes la Constitution algérienne. "Un chef d’Etat inaudible et invisible, un Conseil de la nation sans président, une assemblée nationale cornaquée par un putschiste, une présidence du Conseil constitutionnel vacante et… un chef d’état-major qui jurait ne pas vouloir faire de politique", en sont la regrettable illustration.
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D’ailleurs, les règles ne sont respectées nulle part. Il donne une série d’exemples à couper le souffle. Il commence par cet "homme (Said Bouchareb, actuel président de l’Assemblée nationale populaire, Ndlr), parachuté à la tête de l’agglomérat, (qui) décide seul de dissoudre toutes les structures du parti".