Vidéos. Algérie: les manifestations reprennent avec de nouveaux slogans

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Le 12/03/2019 à 15h15, mis à jour le 12/03/2019 à 15h21

VidéoAprès un bref sentiment d'euphorie, les Algériens ont globalement compris que l’offre de Bouteflika n'était en réalité qu’une ruse pour maintenir encore le système en place. Du coup, des manifestations sont signalées un peu partout en Algérie avec de nouveaux slogans demandant le départ du pouvoir.

Les promesses d’Abdelaziz Bouteflika relatives au report de l’élection présidentielle et au renoncement à un 5e mandat à l’élection présidentielle d’avril prochain n’ont pas suffi pour calmer la rue algérienne.

Du coup, les appels se sont multipliés pour maintenir la pression jusqu’à la chute du système. Ainsi, à Alger, Bejaïa, Tizi-Ouzou, Bouira…, les manifestants sortent en masse, en ce moment, pour afficher leur opposition aux promesses de Bouteflika.

Ils veulent un départ immédiat et inconditionnel du pouvoir et de tout le système. A Alger, ce sont des dizaines de milliers de manifestants, des étudiants en majorité, qui se sont rassemblés, ce mardi 12 mars, devant la Grande poste, pour exprimer leur refus des décisions prises par Bouteflika.

Les slogans des manifestants ont aussi changé. De «Non au 5e mandat», les manifestants ont désormais pour slogans «Non à un 4e mandat prolongé», «Non à Bédoui», «On veut un changement radical», «Pas de 4e mandat bis», «Dégagez», «Talaba ghadhiboune lil Ouhda rafidoune» (Etudiants en colère, nous sommes contre la prolongation du mandat), «Klitou leblad ya Esserrakine » (Vous avez pillé le pays bandes de voleurs), etc.etc.

Il faut reconnaitre que l’offre de Bouteflika pour calmer la rue est pour beaucoup d’Algériens un leurre pour prolonger le mandat du président et surtout permettre au système ébranlé de se maintenir en place.

D’abord, le président n’a pas été clair dans son message sur la durée de la période de transition devant mener à la prochaine élection présidentielle. En effet, il ne précise aucun échéancier pour la tenue de la Conférence nationale inclusive et indépendante. Tout ce qu’on sait, c’est que celle-ci doit se tenir avant la fin de l’année 2019. Elle sera suivie par un référendum pour approuver les réformes constitutionnelles et fixer la date de la présidentielle qui aura lieu très probablement vers la fin de 2020. En clair, cette décision laisse la porte ouverte à tous les abus. Ainsi, en place et lieu d’un 5e mandat, le président Bouteflika se donne un «4e mandat prolongée» d’au moins 2 ans.

Ensuite, pour cette période de transition, en nommant Noureddine Bédoui, l’actuel ministre de l’Intérieur, Premier ministre, et Ramtane Lamamra, comme vice-président et ministre des Affaires étrangères, un tandem de deux personnalités qui lui sont proches, Bouteflika montre clairement qu’il veut maintenir le système durant cette période transitoire.

Ainsi, Ali Benfliss souligne que «c’est anticonstitutionnel» le fait d’annuler la présidentielle. Même son de cloche au niveau du RDC où on note que «Abdelaziz Bouteflika vient de s’octroyer une prolongation illégale et indéterminée au poste de chef de l’Etat».

Pour sa part, Said Sadi, opposant farouche au 5e mandat, avance qu’«en trois week-ends, notre jeunesse a réhabilité le crédit, l’honneur et le statut d’un pays dégradés par plus d’un demi siècle de tyrannie. En une lettre surréaliste, le chef de l’Etat nous a renvoyés à la case des républiques bananières. Irresponsables addicts du pouvoir».

En attendant, les Algériens qui soulignent que l’offre du président ne répond pas à leur demande annoncent des appels à manifester massivement le vendredi 15 mars courant.

Par Karim Zeidane
Le 12/03/2019 à 15h15, mis à jour le 12/03/2019 à 15h21