Sur le site Tout sur l'Algérie (TSA), en ce "cinquième vendredi de mobilisation, l'Algérie attend une réponse sérieuse du pouvoir", estime Makhlouf Mehenni qui rappelle que le mouvement avait débutétrès exactement le 22 février, soit voici un mois, jour pour jour. Selon lui, "ceux qui misaient sur l’essoufflement du mouvement n’ont pas vu juste". Et d'ajouter que "les rangs des manifestants ne font que grossir".
Le camp de Bouteflika a même vu certains des "plus zélés soutiens" du président algérien faire désertion, ce qui semble désormais être le cas des alliés du Rassemblement national démocratique de l'ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia.
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D'autres, comme Mouad Mouchareb, coordonnateur du Front de libération nationale (FLN) essaient quant à eux de jouer sur les deux tableaux. Il a ainsi affirmé, hier, jeudi 21 mars, lors d'une réunion du parti au pouvoir, que le FLN soutenait les manifestants.
Après chaque manifestation, qui montre la détermination de la rue à faire partir Bouteflika à la fin de son mandat, soit le le 28 avril prochain, le régime algérien s'est malheureusement contenté de balbutier quelques vagues promesses, à travers une correspondance publiée dans les médias. Des mesures jugées insiffisantes par les Algériens, ce qui les a poussés à revenir à la charge, vendredi après vendredi. Mais même devant cette pression populaire, le camp de Bouteflika continue de faire la sourde oreille.
Ayant constaté l'échec de ses tentatives de tromper le mouvement ou de le pousser à l'essouflement, le pouvoir a dépêché Ramtane Lamamra en Russie, en Italie et en Allemagne pour tenter de convaincre le peuple d'Algérie.
Si la Russie est un partenaire auprès duquel Lamamra est allé chercher refuge à la manière d'un Bachar El Assad, en Italie et en Allemagne, on devine qu'il a joué la carte migratoire, évoquant, si besoin, le cas Libyen.
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Lors de cette tournée du vice-Premier ministre alégrien, largement jugée inopportune, et avant tout décidée dans le but de rassurer son partenaire russe du caractère éphémère du mouvement de contestation, Noureddine Bedoui, quant à lui Premier ministre, a été de son côté incapable de former le gouvernement d'union nationale qui avait pourtant été promis aux Algériens.
Visiblement, ni Lamamra, ni Bedoui, ne paraissent en mesure de comprendre le pourtant très limpide "non, c'est non" de la rue algérienne, titre avec lequel le quotidien à grand tirage El Watan a choisi de barrer sa une, illustrée par la photo d'une femme au visage masqué par le drapeau algérien.
"Bouteflika est toujours président jusqu’à l’élection de son successeur. C’est dit et c’est confirmé", s'exclame le premier quotidien francophone du pays. Et de poursuivre: "il ne quittera point El Mouradia [le siège de la présidence, Ndlr] ce 28 avril comme le stipule la Constitution. Seul nouvel élément annoncé depuis sa déclaration du 11 mars dernier, "la conférence nationale sera tenue dans un avenir très proche", précise celui qui a rédigé le communiqué de la présidence.
Pour El Watan, qui laisse clairement entendre que Bouteflika n'est plus aux commandes, son entourage n'a toujours pas compris le message de la rue.
Le quotidien rappelle aussi que les rats quittent le navirent. "Les soutiens du pouvoir démissionnent les uns après les autres. Tout le monde déclare rejoindre le mouvement populaire, y compris le patron du FCE et les partis de l’alliance présidentielle, dont le FLN et le RND" souligne ainsi El Watan.
Certes, on annonce, pour ce vendredi 22 mars 2019, une météo globalement peu clémente en Algérie, ce qui pourrait jouer sur la mobilisation du peuple, mais tout le monde sait que la partie est d'ores et déjà perdue pour le pouvoir.
L'entourage de Bouteflika, qui en est convaincu, est simplement en train de jouer les prolongations.