Vidéo. Algérie: Gaïd Salah s'apprête encore à retourner sa veste

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Le 16/04/2019 à 16h41, mis à jour le 18/04/2019 à 07h32

Vidéole général Ahmed Gaïd Salah estime que toutes les perspectives sont ouvertes pour trouver une solution à la crise le plus rapidement possible. Les caciques qui lui servaient de faire-valoir doivent surveiller leurs arrières, car il leur réserve un traitement semblable à celui de Bouteflika.

Ahmed Gäid Salah, en véritable as du retournement de veste, s'apprête à lâcher ceux qu'il protégeait jusqu'ici et dont la tête est demandée, vendredi après vendredi, par les millions de manifestants.

En effet, dans son discours de ce mardi 16 avril, même s'il n'a pas répondu aux attentes des Algériens, il ouvre délicatement la porte sur la possibilité de "dégager" tout ce beaucoup monde accusé d'avoir ruiné le pays. 

D'abord, il dit clairement qu'il peut aller à tout moment vers une autre solution que le statu quo qu'il entretient contre la volonté des millions de manifestants.

"De notre part, nous réitérons l’engagement de l’Armée nationale populaire d’accompagner les institutions de l’Etat durant cette transition, tout en soulignant que toutes les perspectives possibles restent ouvertes afin de surpasser les difficultés et trouver une solution à la crise dans les meilleurs délais, car la situation ne peut perdurer davantage, vu que le temps nous est compté", dit-il.

La première fois qu'il avait adopté un tel langage c'était le 18 mars, contre Bouteflika, quand il avait dit qu'il fallait "apporter des solutions, le moment propice". La suite, on la connaît: le 26 mars, il a demandé l'application de l'article 102 qui devait déclarer l'empêchement de Bouteflika. Et dès le 2 avril, il forcera Bouteflika à la démission. 

Cela signifie que, après la démission de Tayeb Belaïz, les deux autres B peuvent tomber, à savoir Abdelkader Bensalah, président de la République par intérim et Noureddine Bedoui. Leur sort, ainsi que celui de tous les autres caciques du système dénoncés par la rue, est entre les mains de Gaïd Salah. Or, les agissements du général, au cours de ces trois mois, montrent que l'homme fort d'Alger est capable de tout. 

Il était le protégé de Bouteflika qui l'a tiré de sa retraite pour le mettre à la tête de l'armée. Pourtant, quand il a senti le vent tourner, il s'est empressé de le lâcher. 

Ceux qui pensaient être protégés, parce que Gaïd Salah a proféré des menaces le 10 avril contre les manifestants aux "revendications irréalisables" et contre la "main étrangère", doivent se raviser. 

Par ailleurs, quand le général de corps d'armée revient avec insistance sur l'opération mains propres dont il avait déjà parlé il y a une semaine, c'est que des têtes vont tomber. Parmi celles-ci, figurent évidemment le PDG de la Sonatrach, Ould Kaddour, mais aussi tous les proches de Saïd Bouteflika. En plus de Ali Haddad qui est déjà entre les mains de la justice pour détention de deux passeports en cours de validité, et la longue liste de personnalités interdites de sortie du territoire. 

Dans les jours à venir, Gaïd Salah pourrait donc faire capituler le régime en entier. Il subsistera une question fondamentale, celle de savoir si lui est prêt à partir afin de transmettre le pouvoir à une vraie armée républicaine qui cessera de s'occuper de politique. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 16/04/2019 à 16h41, mis à jour le 18/04/2019 à 07h32