Alors qu'un important dispositif policier a été déployé à Alger, les manifestants ont réussi le pari de repousser les forces de l'ordre. Ce 14e vendredi plus que les 13 précédents, les manifestants ont scandé des slogans hostiles à Ahmed Gaïd Salah, que beaucoup identifient désormais comme le problème et non la solution. Le général de corps d'armée reverra-t-il sa copie? Possible. En tout cas, il vient de subir un sérieux désaveu.
D'abord l'ampleur des manifestations dans un contexte de ramadan, montre que les contestataires ne veulent pas de faire voler leur révolution. En effet, la foule était nettement plus nombreuse que les deux précédents vendredis dans une capitale algérienne pourtant quadrillée dès les premières heures par un impressionnant dispositif policier. La presse parle de policiers en uniformes et en civil, mais aussi d'un fait inédit. Mêmes les femmes de ce corps de sécurité sont de sortie pour épauler leurs collègues masculins. Cela n’a servi à rien.
Malgré les contrôles et en dépit des nombreuses arrestations, à 11h, les manifestants ont fait reculer les forces anti-émeutes et les barrages de police.
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Dans la situation actuelle, beaucoup estiment que l'ordre d'empêcher les manifestations venait non pas du ministre de l'Intérieur, mais du haut commandement de l'armée, à savoir Ahmed Gaïd Salah lui-même. En tout cas, la presse algérienne relève les slogans hostiles au chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP).
Ainsi, le quotidien El Watan barre sa Une avec un titre qui confirme le dédain des Algériens vis-à-vis de l'armée: "14e vendredi de contestation populaire : Gaïd Salah ciblé, rejet des élections". Il relève des slogans plus hostiles les uns que les autres ciblant Ahmed GaÏd Salah lui même.
"«Dawla madania machi askaria» (Etat civil et non militaire), «Gaïd Salah dégage», «Djeiche chaab, khawa khawa, Gaïd Salah maa el khawana» (Armée, peuple, frères, frères, Gaïd Salah avec les traîtres) ou bien «Gaïd Salah, chiate El Emarat» (Gaïd Salah, serviteur des Emirats) sont les principaux slogans scandés, hier, par les manifestants", écrit El Watan dans sa livraison de ce ce samedi 25 mai.
Il s'agit d'un tournant décisif qui risque fort d'emporter le chef de l'armée, sauf s'il se radicalise à passe à une répression plus violente.
Car faut-il le rappeler, au début, Gaïd Salah était appelé par les manifestants à agir pour faire "dégager le système". Quand il a demandé l'application de l'article 102 de la Constitution, il a été salué en héros. les manifestants ont eu la même réaction le 2 avril quand il a forcé le Président Abdelaziz Bouteflika à démissionner.
Cependant, le fait qu'il exige, coûte que coûte, la tenue de la présidentielle du 4 juillet, au point d'en menacer les détracteurs, est perçue comme une volonté de sa part de maintenir le système.