Algérie. Dialogue national: l'opposition pose trois préalables à Gaïd Salah

L'opposition qui n'a pas participé au dialogue estime qu'il faut changer tout le système.

L'opposition qui n'a pas participé au dialogue estime qu'il faut changer tout le système. . DR

Le 08/07/2019 à 11h52, mis à jour le 08/07/2019 à 11h53

L'opposition commence à se fissurer autour du dialogue national, certains refusant d'aller à une élection présidentielle. Néanmoins, ils sont unanimes sur la libération des détenus d'opinion ou la démission du gouvernement dirigé par Noureddine Bedoui.

Très attendu, le dialogue de l'opposition vient de tenir sa première séance le week-end dernier. Les formations, dont celle de Ali Benflis, qui y ont pris part viennent de publier leur feuille de route, qui pourrait être un mortif de satisfaction pour le généralissime Ahmed Gaïd Salah, qui commençait à désespérer quant à une adhésion à son agenda, qu'il voulait constitutionnel. 

Dans le préambule de la déclaration, ces formations politiques posent au moins trois conditions qui ne plairont pas au chef d'état-major de l'Armée nationale populaire algérienne. En effet, ces partis de l'opposition exige, en tant que condition préalable, la démission du gouvernement de Noureddine Bedoui, mais aussi la libération de tous les détenus d'opinion, et enfin la mis en liberté de Lakhdar Bouregâa, un Moudjahid (martyr de la lutte pour l'indépendance algérienne), arrêté à Alger et détenu depuis le 29 juin dernier.

Voilà donc les trois conditions préalables exigées par ces partis, dont l'objectif affiché est non seulement de les réconciler avec l'opposition radicale, mais surtout de faire comprendre à Gaïd Salah et au président par intérim Abdelkader Bensalah que rien n'est gagné.

S'il est clair que le message adressé au régime arrivera à destination, il n'est pas sûr que le reste de l'opposition se satisfasse de ces exigences. 

En effet, une partie de l'opposition n'a pas pris part à ce dialogue initié le week-end dernier, parce qu'elle avait les mêmes demandes parmi ses exigences.

Ainsi, le Parti du Travail dirigé par Louisa Hanoune, par exemple, avait posé comme condition la libération de son leader qui est actuellement en détention depuis le mois de mai dernier. 

Mais la réunion du week-end dernier a aussi été l'occasion d'exiger la libération du leader du Front des forces sociales (FFS), héros de la résistance et ex-commandant de la quatrième wilaya durant la guerre d'indépendance. Lakhdar Bouregâa, arrêté et maintenu en détention, est l'un des fondateurs de ce parti de l'opposition. 

Le FFS et le PT font parti de "l'Initiative des forces de l'alternance démocratique", uui regroupe cinq autres partis politiques, ainsi que la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH).

Ces deux formations sont donc, pour l'heure, les grands absents de ce dialogue, malgré l'invite clairement exprimée du diplomate Abdelaziz Rahabi, en sa qualité de coordonnateur du dialogue. 

Ces deux partis jugent en effet que la libération des détenus d'opinion ou encore la démission du Premier ministre Noureddine Bedoui et de son gouvernement sont encore loin d'être suffisantes. 

"Nous sommes en contact permanent avec ces partis. Nous voulons qu’ils viennent et qu’ils participent avec l’initiative qu’ils ont lancée dernièrement", avait souhaité Abdelaziz Rahabi.

Jeudi dernier, les partis, organisations et personnalités engagées dans le "pacte pour l’alternative démocratique" s'étaient réunis pour décider s'ils devaient ou non participer à cette conférence.

Pour ces deux partis, dont les leaders et les membres boycottent cette initiative, le message a été très clair: "nous ne prendrons part d’aucune manière à cette conférence organisée par les forces du changement dont l’unique objectif est d’aller vers une présidentielle". 

En effet, pour ces partis radicaux qui prônen un véritable changement démocratique, "contrairement à l’objectif assigné à cette conférence, nous pensons que l’issue ne réside absolument pas dans le changement de l’identité du président de la République, mais dans le démantèlement de toutes les institutions du système et la mise en place d’une nouvelle République avec une nouvelle Constitution garantissant réellement les droits et l’équilibre des pouvoirs", a martelé Ramdane Taazibt, membre du Parti du Travail de Louisa Hanoune, dans les colones d'El Watan. 

Evidemment,Ramdane Taazibt reconnaît partager ces trois conditions avec les partisans d'un dialogue national. Mais pour lui, "fondamentalement aucune initiative ne peut avoir un crédit si elle n’exige pas clairement la libération de tous les détenus politiques et d’opinion, la libération du champ politique et médiatique et l’arrêt immédiat de toutes les mesures répressives", a-t-il déclaré au quotidien algérois. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 08/07/2019 à 11h52, mis à jour le 08/07/2019 à 11h53