Algérie: qu'est ce qui se cache derrière l'idylle entre Gaïd Salah et Tebboune?

DR

Le 04/09/2019 à 16h17, mis à jour le 04/09/2019 à 16h19

Tout porte à croire que l’ex-éphémère Premier ministre algérien, Abdelmadjid Tebboune, est de retour sur la scène politique. En effet, d’après la presse algérienne, son retour serait imminent. Et pour cause: le général Gaid Salah a renoué le contact avec lui à quelques mois du scrutin présidentiel.

Le général Gaid Salah et Abdelmadjid Tebboune vivent vraisemblablement une véritable idylle. C’est ce que rapporte le site d’information Algérie Part, précisant même que le généralissime a repris contact avec l’ex-Premier ministre «au moment où le scrutin présidentiel du 15 décembre prochain est en cours de préparation».

Il est tout de même à noter que Abdelmadjid Tebboune est porté en haute estime par les membres du haut commandement de l’ANP, à leur tête le tout-puissant général Gaid Salah, chef d’état-major de l’armée.

La cause de cette soudaine affection? Durant son très court mandat de Premier-ministre qui a duré du 25 mai au 15 août 2017, Abdelmadjid Tebboune avait pour mission principale de récupérer les deniers de l’État par tous les moyens légaux. A cet effet, dès le début de sa prise de fonction, il a livré une véritable croisade contre les oligarques, à leur tête le chef du patronat algérien, Ali Haddad, ami intime de Saïd Bouteflika.

Cette bataille rangée n’a pas été du goût de Saïd Bouteflika qui a, dès lors, manigancé un plan pour évincer le Premier ministre. Il y a même certains médias qui affirment que Gaid Salah a joué un rôle dans l’éviction de Tebboune.

Hier persona non grata dans le sérail algérien, aujourd’hui il est rappelé en catastrophe par l’establishment militaire. Il est considéré par les treillis vert kaki comme un recours en vue de la prochaine présidentielle.

Ce haut fonctionnaire représente pour Gaid Salah et les siens l’homme qui a osé dire non au puissant clan d’antan, dirigé par Saïd Bouteflika et ses amis richissimes, des oligarques corrompus jusqu’à la moelle.

Pour information, Abdelmadjid Tebboune est un connaisseur aguerri de l’administration algérienne. Il dispose en effet d’une grande expérience de gouvernance des affaires de l’État. Il a été wali durant plus de 8 ans. Il a par la suite hérité de plusieurs départements ministériels, dont les Collectivités locales, la Communication et la culture, le ministère de l’Habitat, de l’urbanisme et de la ville (2001 et 2017), le ministère du Commerce où il a assuré l’intérim et enfin la primature pour 2 mois et 20 jours.

D’après Algérie Part, le haut commandement de l’ANP pourrait parrainer Abdelmadjid Tebboune pour le prochain scrutin présidentiel. Les contacts entre le général Gaid Salah et Tebboune sont permanents ces derniers temps, d’après la même source.

Ceci dit, aucun plan précis n’a été encore tracé pour permettre à Tebboune de s’engager dans la course pour les élections présidentielles. Il est peu probable qu’il revienne aux commandes d’un parti comme le FLN.

Toujours d’après Algérie Part, Abdelmadjid Tebboune est tenté de revenir en politique à condition d’être non-partisan. Il ne se présentera donc pas avec les couleurs du désormais très impopulaire FLN. S’il se présente au scrutin du 15 décembre, il sera «candidat indépendant».

Depuis le 22 février, et après la tentative d’un cinquième mandat de Abdelaziz Bouteflika et les siens, un véritable mouvement populaire contestataire s’est érigé dans tous les recoins de l’Algérie.

Ce mouvement contestataire a mis fin à 20 ans d’impunité du régime Bouteflika. A la suite de son départ, le peuple algérien a ordonné que la jeunesse reprenne le flambeau, que de nouveaux visages apparaissent dans la scène politique algérienne, que la pays soit géré par une nouvelle génération.

Le brave Abdelmadjid Tebboune s’est bel et bien et farouchement opposé au clan de Said Bouteflika, il n’en demeure pas moins vrai qu’il est en place depuis l’époque de Houari Boumédiène et de Chadli Bendjedid. Mettre un autre septuagénaire à la tête du palais El Mouradia ne peut en aucun cas calmer la foule, décidée à en découdre.

Par Karim Ben Amar
Le 04/09/2019 à 16h17, mis à jour le 04/09/2019 à 16h19