Luc Dusseault, le jeune député canadien qui lançait l'alerte en juin dernier, avait raison. Les transferts suspects de l'Algérie vers le Canada sont bien en hausse, d’après les derniers chiffres officiels.
Durant les sept premiers mois, selon le quotidien canadien Le Devoir, ce ne sont pas moins de 78,6 millions de dollars qui ont été transférés vers ce pays d'Amérique du Nord, en provenance directe de l'Algérie. Le journal a épluché les chiffres récents du Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada. C'est cette agence gouvernementale qui surveille les virements internationaux de plus de 10.000 dollars.
L'augmentation des transferts sur cette période de 2019, par rapport aux années précédentes, n'a pas échappé à la vigilance du journal. En effet, en volume global, il s'agit de 10 millions de dollars de plus qu'en 2018, et 26 millions de plus qu'en 2017.
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Pire, la valeur moyenne de chaque transfert s'est envolée. On est passé du simple au double, avec respectivement 187.900 dollars en 2018 et 405.195 dollars en 2019.
Par rapport à 2017 où le montant moyen des transferts durant les 7 premiers mois n'était que de 157.857 dollars, on est pas loin d'avoir triplé le montant de chaque envoi d'argent de l'Algérie vers le Canada.
"Ce montant représente plus de 26 fois le PIB par habitant en Algérie en 2018, confirmant ainsi que ces transferts sont orchestrés principalement par les plus grosses fortunes du pays. Le Québec est le principal point d’entrée de cet argent. La diaspora algérienne au Canada y est particulièrement bien établie", affirme l'article du journal canadien.
Il y a trois mois, en juin dernier, Luc Dusseault, député mué en lanceur d'alerte pour l'occasion, avait invité le ministre des Finances, Bill Morneau, à surveiller les flux de capitaux en provenance de l'Algérie, en forte augmentation dans cette période de crise.
Il convient également de noter que de telles transactions traçables constituent la partie visible de l'iceberg. En effet, à côté des envois directs vers le Canada, il y a toutes les transactions qui transitent par d'autres places financières, notamment les paradis fiscaux, avant d'atterrir vers leur destination finale.
Parmi ces pays de transit, figurent notamment la Suisse et Dubaï. Pour ces deux cas, il existent des dizaines d'entreprises fictives dont l'unique but est de produire des factures pour faciliter la fuite des capitaux algériens.