Algérie: recours aux forces anti-émeutes pour installer les nouveaux procureurs

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Le 04/11/2019 à 17h12, mis à jour le 05/11/2019 à 11h57

En dépit de la grève des magistrats, le ministre de la Justice a tenu à installer de nouveaux procureurs. Ceux d’Alger ont été installés par le procureur général de la capitale en présence d’impressionnantes forces anti-émeutes de la police et de la gendarmerie.

Le ministre de la Justice, Benkacem Zaghmati, a reçu le message que lui a adressé le général Ahmed Gaïd Salah le 1er novembre, lui enjoignant l'ordre d’«aller jusqu’au bout», dans son bras de fer avec les magistrats.

Joignant la parole à l’acte, le ministre de la Justice a procédé à l’installation des nouveaux magistrats. Ainsi, au niveau de la capitale, le procureur général de la Cour d’Alger a supervisé l’installation des procureurs des tribunaux de Sidi M’Hamed, Bir Mourad Rais et Hussein Dey, ainsi que des présidents des tribunaux de la wilaya d’Alger.

Seulement, face à la fronde des magistrats, et de crainte que les cérémonies ne soient perturbées par les magistrats grévistes, les tribunaux ont été placés sous haute surveillance des forces de l’ordre qui ont barré leur accès à toute personne étrangère, le temps de la passation de services. Ainsi, au niveau des tribunaux d'Alger, d'importantes forces anti-émeutes ont étés déployées pour empêcher toute manifestation ou perturbation.

Désormais, c’est Dounia Guellati qui est la présidente du tribunal de Sidi M’Hamed d’Alger et Kara Chaker sera le procureur de la République du même tribunal.

Des nominations d’une importance cruciale quand on sait que c’est au sein de ce tribunal que sont jugés les personnalités politiques et les oligarques algériens que Gaïd Salah a arrêtés dans le cadre de la lutte contre la corruption, trafic d’influence et acquisitions d’avantages indus.

Ces nominations interviennent aussi au moment où le pouvoir essaye d’accélérer les mécanismes nécessaires pour la réussite de la présidentielle du 12 décembre prochain. En effet, lorsque le président par intérim, Abdelkader Bensalah, a convoqué le corps électoral, des informations avaient filtré laissant entendre que certains juges avaient l’intention de ne pas superviser l’élection présidentielle du 12 décembre. Ce qui risquait d’entraver la bonne marche de l’élection.

C’est sur la base de ces informations que le régime a décidé la mutation de quelques 3.000 magistrats d’un seul coup. Du jamais vu! A travers cette décision unique dans le monde, le régime voulait montrer qu’il est prêt à éliminer toute opposition à son projet.

Du coup, si la grève des magistrats paralyse la justice algérienne, Gaïd Salah n’en a cure. Ce qui l’intéresse, c’est d’atteindre son objectif d’organiser, le 12 décembre prochain, des élections et mettre à la tête du pays un des 5 candidats retenus et qui lui obéira.

Rappelons que dimanche, des magistrats ont été violentés au niveau de la Cour d’Oran par les forces de l’ordre. Une intervention musclée qui a suscité une vague d’indignations des hommes politiques, des représentants du secteur de la justice et de la société civile.

Par Karim Zeidane
Le 04/11/2019 à 17h12, mis à jour le 05/11/2019 à 11h57