C'est la rente pétrolière dans toute sa splendeur. Pour construire la Grande Mosquée d'Alger, les infrastructures routières ou même de simples immeubles, l'Algérie préférait importer des ouvriers chinois.
Mais personne ne s'attendait à ce que l'Algérie, toujours présentée dans les statistiques de l'OMS comme le pays le mieux doté en médecins du continent devant l'Afrique du Sud, ait recours à la même solution d'importation, pour du personnel de santé.
Puisant encore dans ses maigres ressources, alors qu'elle cherche à réduire de 50% son budget annuel, Alger devra payer au prix fort les médecins et infirmiers cubains. Selon le site d'information Tout sur l'Algérie, un décret présidentiel publié récemment rend compte des modalités de cette si particulière coopération.
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Et le moins que l'on puisse dire est que tant dans le montant astronomique à débourser que par les spécialités médicales appelées à la rescousse, cette convention entre Alger et La Havane étonne.
En effet, ce ne sont pas moins de 64 millions d'euros qui seront déboursés pour les 890 médecins cubains arrivés récemment dans le pays. Un vrai business pour La Havane, sachant qu'elle percevra pour chaque médecin une rémunération moyenne de 72.000 euros.
Plus étonnantes encore sont les spécialités médicales de cette équipe et bien sûr la répartition du budget. Alors qu'on s'attendait à y trouver des virologues et infectiologues comme l'exige la pandémie actuelle, l'Algérie, ayant été l'un des derniers pays servis par son ami, a dû se contenter d'autres spécialistes.
Ainsi, note-t-on a présence de 283 ophtalmologues payés 31 millions d'euros, 529 gynécologues et pédiatres devant percevoir 27 millions d'euros, 18 urologues pour 1,73 million d'euros et enfin 60 oncologues pour 4,31 millions d'euros.
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Même sans être un spécialiste de la médecine, on peut s'interroger sur l'opportunité de se faire "aider" médicalement dans des spécialités autres que celles qui concernent directement la lutte contre le nouveau coronavirus.
Avant les médecins cubains, alors même que plus de 30% des jeunes de moins de 30 ans ne parvenaient pas à trouver du travail, l'Algérie recourait aux ouvriers chinois pour construire sa Grande Mosquée, ses autoroutes, ses barrages hydrauliques, ses hôtels et ses logements sociaux.
De sorte qu'en 2016, au moment où le pays pensait être assis sur une manne intarissable de devises, le nombre d'ouvriers chinois dépassait allègrement les 30.000, sans que cela ne gêne ni les dirigeants, les partis politiques, ni mêmes les syndicats du régime.
Quoi qu'il en soit, même si ces importations de personnel de santé ou d'ouvriers sont payés via un troc contre du pétrole, force est de constater qu'il s'agit d'un manque à gagner en devises. Les dirigeants algériens ne se sont toujours pas rendus compte que la manne financière que l'on pensait intarissable s'est réduite comme peau de chagrin avec des réserves de change qui sont passées de près de 200 milliards de dollars en 2014 à moins de 50 milliards aujourd'hui. Pendant ce temps, les crises successives de toutes sortes ont mené le pays dans une situation financière intenable.