Le procès très attendu de «Madame Maya» qui devrait s’ouvrir le mercredi 5 août au tribunal de Chéraga a été reporté au 26 août, malgré la présence des prévenus.
Ce énième procès de corruption est surtout l’occasion, pour les Algériens, de savoir qui est réellement «Madame Maya», surnommée «Lemaâlma» (La cheffe), et qui bénéficiait d’une escorte policière accordée par l’ancien patron de la DGSN.
Cette femme disposait ses entrées au plus haut niveau de la présidence de la République et d’une maison à la résidence d’Etat Sahel, à Moretti, où se retrouvait le gotha de la politique et des affaires sous Bouteflika. Elle fascine du fait qu’elle n’est pas ordinaire. D’aucuns la considèrent comme étant la «fille cachée» de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.
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De son vrai nom Nachinachi Zoulikha-Chafika, «Madame maya» fait l’objet d’un chapelet d’accusations: «blanchiment d’argent», «complicité dans l’abus de fonction», «violation de la réglementation des changes», «complicité dans l’octroi d’indus avantages», «corruption», «trafic d’influence», «dilapidation de deniers publics», etc.
Elle a déjà été condamnée à 18 mois de prison, avec ses deux filles, pour détention de faux passeports. Elles se préparaient à quitter l’Algérie avec.
Lors de la perquisition de sa villa, au moment de son arrestation en juillet 2017, les sécuritaires avaient mis la main, sur 12 milliards de centimes (environ 910.000 euros), 270.000 euros, 30.000 dollars et 17 kilogrammes de bijoux en or, décrit observalgérie.com
Ce n’est qu’une partie de la fortune de cette mystérieuse personnalité. Elle est considérée comme très riche, possédant parc de loisirs, terrains, villas, maisons coloniales, appartements luxueux, voitures de luxe, etc. aussi bien en Algérie qu’à l’étranger (en Espagne notamment) ainsi que des comptes bancaires bien garnis.
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Outre la possibilité que lumière soit faite sur l’identité de «Madame Maya», ce procès éclabousse de nombreuses personnalités de l’ancien régime, dont les ex-ministres Abdeghani Zaalane (Travaux publics) et Mohamed Ghazi (Travail), ainsi que l’ancien puissant directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Abdelghani Hamel, plusieurs walis et un ex-député, tous déjà en détention.
Les avocats de la défense réclament la présence de Mohamed Rougab, l’ancien secrétaire de Bouteflika, un homme clé pour tout ce qui gravite autour de «Madame Maya». C’est lui qui aurait introduit Nachinachi Zoulikha-Chafika auprès des personnalités politiques et walis en tant que «membre de la famille du raïs». Et tout s’était alors ouvert à elle, devenue du jour au lendemain une femme influente. Elle s’est construit un carnet d’adresses de ministres, sécuritaires, walis, députés, sénateurs, hommes d’affaires, etc.
Seulement, selon El Watan, tout se gâte en 2017 lorsque Abdelghani Zaalane, alors wali d’Oran, informe Saïd Bouteflika avoir réglé le problème du terrain de sa «sœur». Le petit frère et conseiller de l’ancien président explique alors que «Madame Maya» ne fait pas partie de la famille Bouteflika. Suite à quoi le wali d’annule l’octroi du terrain.
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Et pour couper court à ces «liens familiaux», Saïd Bouteflika décide de faire appel aux sécuritaires pour régler le problème de «Madame Maya», qui fut arrêtée en juin 2017. L’affaire prendra une nouvelle dimension avec la révolte populaire, et la gendarmerie s’est occupée du problème à partir de juillet 2019, éclaboussant plusieurs autres personnalités.
Seulement, si une douzaine de personnes sont impliquées dans ce dossier, l'ancien secrétaire de Bouteflika y échappe. Or, c’est lui qui était derrière les recommandations au profit de la «fille cachée» du raïs. Du coup, les avocats de la défense exigent la présence de l’ancien secrétaire de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika considéré comme témoin dans cette affaire.
C’est dans ce cadre que le magistrat de la Cour de Chéraga a fini par accepter le report du procès au 26 août courant. Mais, à l’issue du procès, saura-t-on enfin qui est cette «Madame Maya»?