La condamnation prononcée à l’encontre du journaliste algérien Khaled Drareni, correspondant de TV5 Monde et de Reporters sans frontières (RSF), continue à susciter l’indignation aussi bien en Algérie qu’à l’étranger.
Khaled Drareni a été condamné le lundi 10 août à trois ans de prison ferme et 50.000 dinas d’amende par le tribunal de Sidi M’hamed à Alger. Il s’agit de la plus lourde peine prononcée contre un journaliste en Algérie depuis l’indépendance.
Cette lourde condamnation a poussé les hommes de médias algériens à lancer une pétition pour demander la libération immédiate de leur confère, jugeant que celui-ci n’a fait qu’exercer son métier de journaliste et que le dossier d’accusation est vide.
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Drareni, journaliste engagé et très populaire auprès des jeunes, a écopé de cette lourde peine pour «incitation à attroupement non armé» et «atteinte à l’unité nationale». Ses coaccusés et codétenus pour les mêmes griefs avaient été libérés en juillet dernier après une condamnation à 4 mois de prison ferme et 20 mois avec sursis. Il s’agit notamment de Samir Benlarbi et de Slimane Hamitouche.
La condamnation de Drareni a été très largement dénoncée en Algérie par les médias, la société civile et les partis politiques.
L’un des premiers à avoir réagi est l’ancien ministre et diplomate Abdelaziz Rahabi, qui a dénoncé sur sa page Facebook «la confiscation des libertés à travers des décisions de justice visant les militants politiques dans le cadre du Hirak ou dans un tout autre cadre, est une pratique d’une époque révolue», ajoutant que «ces pratiques inacceptables neutralisent les initiatives visant à trouver une sortie pacifique et consensuelle de la crise multidimensionnelle que traverse l’Algérie».
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Mieux, Me Sofiane Chouiter, avocat et expert algérien en droits de l’Homme, a annoncé avoir saisi les rapporteurs spéciaux de l’ONU et de l’UA (Union africaine) sur la peine de prison de Drareni et exige sa libération immédiate et sans condition.
«Nous avons saisi trois rapporteurs spéciaux de l’ONU chargés des questions des droits de l’Homme. Nous avons également saisi le groupe de travail sur la détention arbitraire appartenant à l’ONU», a-t-il souligné, avançant également être en contact avec la commission des droits de l’Homme du Congrès américain, pour l’adoption de l’affaire Drareni.
L’expérience nous a montré que le recours aux mécanismes régionaux et internationaux de protection des droits de l’Homme pousse les autorités algériennes à réagir», a souligné l’expert algérien qui vit au Canada.
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Reporters sans frontières (RSF), par le biais de son secrétaire général Christophe Deloire, a qualifié cette condamnation de «persécution judiciaire», ajoutant que «cette décision soulève le cœur et l’esprit par son caractère arbitraire, absurde et violent».
RSF dénonce la condamnation de son correspondant en annonçant qu’«une justice aux ordres vient de faire de Khaled Drareni un symbole qui va susciter une indignation et une mobilisation mondiales». Pour sa part, Amnesty France a qualifié le verdict de «scandaleux» et a exigé la libération du journaliste ainsi que celle de tous les prisonniers d’opinion en Algérie.
L’avocate Zoubida Assoul a quant à elle dénoncé l’«acharnement» de la justice contre Drareni qui n’a commis, selon elle, aucune infraction et «n’a fait que son métier de journaliste en couvrant les manifestations pacifiques».
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Les partis politiques algériens aussi se sont indignés de cette condamnation. C’est le cas du RCD qui, par la voix de son président Mohcine Belabbas, a déclaré: «la répression politique par l’instrumentalisation de la justice et des magistrats (qui) a atteint le summum de l’intolérance et de l’entendement avec la condamnation du journaliste Khaled Drareni à trois ans de prison ferme pour des accusations farfelues».
Le Pacte pour l’alternance démocratique (PAD) qui regroupe de nombreux partis sont le RCD, le FFS et le PT, a exprimé sa «consternation» en soulignant que le journaliste «ne faisait que couvrir les manifestations populaires de la révolution citoyenne au mois de mars dernier», ajoutant que le verdict «infligé au journaliste Khaled Drareni est lourd de sens quant à l’absence de volonté du pouvoir de s’incliner devant la volonté de changement démocratique exprimé par des millions d’Algériennes et d’Algériens durant treize mois et dont le respect des libertés est un fondement essentiel de la démocratie».