France-Algérie: Alger écarte les Harkis des discussions mémorielles

Les harkis manifestant en France.

Les harkis manifestant en France.. DR

Le 13/11/2020 à 08h23, mis à jour le 14/11/2020 à 14h14

L'expert algérien Abdelmadjid Chikhi, chargé de travailler sur la mémoire de la colonisation et de la Guerre d'Algérie avec l'historien français Benjamin Stora, a affirmé que le dossier des harkis était "hors des discussions", dans une interview à la revue de l'armée El-Djeich.

"La scène française est une question interne qui ne nous concerne en rien, pour nous, notre vision est claire et notre perception ne souffre d'aucun amalgame concernant le dossier de la mémoire", explique Chikhi dans le numéro de novembre de cette influente revue mensuelle.

"Je souligne à ce titre que certains dossiers sont hors de discussion, tel que le sujet des harkis, d'autant que leur départ en France a été un libre choix", poursuit-il dans cet entretien.

Les harkis sont d'anciens combattants - jusqu'à 200.000 hommes - recrutés comme auxiliaires de l'armée française pendant la guerre d'indépendance algérienne (1954-1962) qui opposa des nationalistes algériens à la puissance coloniale.

A l'issue de cette guerre, marquée par des atrocités et qui a traumatisé les sociétés algérienne et française, les harkis ont été abandonnés par la France et nombre d'entre eux furent victimes de massacres de représailles en Algérie, ce que réfute la partie algérienne.

"Il revient aux Français de se réconcilier avec leur Histoire, pour nous, il n'est pas possible d'oublier ce qui s'est passé pendant l'époque coloniale ou de se tenir indifférents vis-à-vis des génocides commis à l'encontre des Algériens, et nul ne peut nous le demander", insiste Chikhi, lui-même ancien combattant et directeur général des Archives nationales algériennes.

Ce dernier, qui se qualifie de négociateur", précise que plusieurs autres dossiers font ou feraient l'objet de discussions et de négociations avec la partie française, comme les essais nucléaires dans le Sahara, les combattants algériens disparus pendant le conflit et "d'autres qui peuvent être entamés, à l'instar de celui relatif à la guerre d'extermination et le patrimoine culturel algérien dérobé".

Fin juillet, les présidents Emmanuel Macron et Abdelamadjid Tebboune ont désigné chacun un expert - l'historien Benjamin Stora pour la France et Abdelmadjid Chikhi pour l'Algérie - afin de travailler sur les questions mémorielles dans le but de "favoriser une réconciliation franco-algérienne".

Stora a été chargé par le président Macron de "dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie". Il devrait rendre son rapport à l'Elysée dans les prochaines semaines.

Lors d'un récent discours sur le "séparatisme islamiste", Macron a estimé que ce dernier était en partie "nourri" par les "traumatismes" du "passé colonial" de la France et de la guerre d'Algérie, qu'il a appelé à régler d'une façon "apaisée".

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 13/11/2020 à 08h23, mis à jour le 14/11/2020 à 14h14