Une semaine est passée, ensuite deux et voilà que s'entame la troisième qu'avait fixée Abdelmadjid Tebboune pour se remettre sur pied définitivement et revenir en Algérie. Mais, après avoir difficilement rassuré ses concitoyens en écartant, dans un laborieux exercice de communication, l'hypothèse de la vacance du pouvoir, le président algérien s'est médiatiquement reconfiné.
A part un échange téléphonique avec la chancelière Allemande Angela Merkel, relayé par Algérie presse service (APS), l'agence officielle, plus aucune nouvelle de lui. Pendant ce temps, le compteur tourne. A trois jours de la fin de l'année, la loi de finances 2021 attend d'être promulguée pour rendre possible l'exécution du budget. Il en est de même pour la nouvelle constitution dont la publication au bulletin officiel algérien devait intervenir exactement un mois après la publication des résultats définitifs du référendum du 1er novembre. Or le conseil constitutionnel algérien a validé ces résultats dès le 10 novembre, ce qui veut dire que la date limite prévue par les textes algériens est dépassée depuis 18 jours.
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C'est dire que la vidéo du 13 décembre est loin d'avoir dissipé tous les doutes sur la capacité du chef de 'lEtat algérien à reprendre ses fonctions. D'ailleurs, le régime algérien ne s'y trompe pas du tout, puisqu'il essaie de tout faire pour anticiper une voie de sortie face à l'impasse Tebboune qui se profile. Cela passera forcément par le retour de l'Etat profond avant que feu Gaïd Salah ne se soit lancé dans une entreprise de déstructuration et quasi-démolition de ce qui permettait au régime de tenir.
Ainsi, Tebboune ne revenant pas, ce sont les vieux généraux qui sont remis en selle pour redonner l'illusion aux Algériens de l'existence d'un semblant d'Etat solide et bien profond. C'est le cas notamment de Khaled Nezzar qui faisait l'objet d'un mandat d'arrêt international et qui s'était réfugié à Barcelone pendant de longs mois de cavale. Il est revenu exactement la veille de l'anniversaire de l'élection d'Abdemadjid Tebboune, le 11 décembre 2020. La date ne pouvait être mieux choisie. Non seulement il aura droit aux honneurs militaires, en tant qu'ancien chef d'état-major des armées de 1988 à 1991 et ministre de la Défense, à cette même période, mais il allé est déférer à sa convocation par la justice pour sonner la fin de la récréation.
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Ainsi, comme un pied de nez aux juges qui l'ont condamné à 20 ans de prison par contumace pour "complot contre l'Etat", mais également à Abdelmadjid Tebboune, il a bien été au tribunal militaire de Blida. Il en est ressorti libre comme l'air. Même exercice au tribunal de Sidi M'hamed où les magistrats qui l'avaient condamné pour blanchiment d'argent ont dû manger leur chapeau.
C'est un vrai camouflet pour Abdemadjid Tebboune et l'embryonnaire nouveau système qui pensait détenir le pouvoir après l'avoir confisqué à la rue qui s'est opposée au cinquième mandat d'Abdelaziz Bouteflika. Evidemment, c'est loin de s'arrêter là, puisque la clique à Mohamed Médiène alias Toufik et Athmane Tartag alias Bachir, les deux ex-chefs des services de renseignements algériens, serait également libre.
Qui d'autres sera remis en liberté après ces trois généraux? Il faut le rappeler, ils avaient été jugés et condamnés pour les mêmes chefs d'accusation que Saïd Bouteflika, le frère et conseiller de l'ex-président, mais également Louisa Hanoune, le secrétaire générale du Parti du travail (PT).
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Quoi qu'il en soit, de son lit d'hôpital en Allemagne, Abdelmadjid Tebboune assiste impuissant à une douce transition entre lui et les militaires qui l'avaient couronné en décembre 2019. Ces derniers sont en train de lui reprendre progressivement les prérogatives qu'ils lui avaient confiées, à commencer par la justice téléphonique qui est l'une des clés du pouvoir algérien. Il reste évidemment la diplomatie et les finances, mais au vu de la déroute de ces deux départements régaliens, ce n'est qu'une question de temps avant que Tebboune ne soit nu comme un ver.