Devant l'intransigeance de Washington, Alger supplie les Etats-Unis de rallier sa cause

David Shenker, secrétaire d'Etat adjoint américain pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord.

David Shenker, secrétaire d'Etat adjoint américain pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord.. DR

Le 08/01/2021 à 12h03, mis à jour le 09/01/2021 à 17h47

L'Algérie attend des Etats-Unis un ralliement à sa cause sur la scène régionale, c'est en tout cas ce qui ressort de la déclaration du ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, en recevant David Schenker, sauf que ce dernier était venu confirmer la marocanité du Sahara.

Pour l'Algérie, "impartialité" signifie que les Etats-Unis doivent épouser parfaitement sa position sur les questions régionales, en particulier concernant le Sahara marocain, alors que David Schenker s'est voulu clair concernant l'irrévocabilité de la décision américaine de reconnaître la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sahara.

En effet, le secrétaire d'Etat adjoint pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord, David Schenker, a évoqué avec les responsables à Alger cette question ainsi que les conflits en Libye et au Sahel. Mais sa déclaration a été limpide.

"Pour les Etats-Unis, seules des négociations politiques entre le Maroc et le Polisario, dans le cadre du plan marocain d'autonomie, sont à même de conduire à un règlement" du différend autour du Sahara, a-t-il estimé, lors du point de presse tenu dans la capitale algérienne hier jeudi 7 janvier 2021. Le responsable américain a, de plus, souligné qu’"il [était] temps d’aller vers des solutions courageuses", signifiant ainsi indirectement au régime algérien la nécessité de revoir sa position par rapport à ce conflit territorial

Cette fermeté sur la position américaine concernant le Sahara n'est pas du goût de Sabri Boukadoum qui affirme attendre de la part des Etats-Unis "l'impartialité qu'exigent les défis actuels".

Arrivé mercredi à Alger, après une étape en Jordanie dans le cadre d'une tournée régionale, David Schenker est accompagné par la secrétaire à l'US Air Force, Barbara Barrett, et le chef de l'US Air Force (USAF) en Europe et Afrique, le général Jeffrey Harrigian.

Sa visite de 48 heures à Alger s'inscrit dans un contexte régional marqué par les conflits en Libye et au Sahel, et par la reconnaissance américaine de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur ses provinces du sud.

Schenker est attendu en fin de semaine au Maroc.

C'est ce dimanche que sera inauguré le Consulat américain à Dakhla ainsi que le Bureau dédié au développement des investissements au niveau régional en vertu de l'accord signé avec les Etats-Unis. Cet accord entérine la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur son Sahara, ainsi que la reprise des relations entre le Royaume et Israël.

Il y a trois mois, le ministre américain de la Défense Mark Esper -limogé depuis par Donald Trump- a effectué une tournée qui visait à renforcer la coopération militaire avec les pays de la région dans la lutte contre les jihadistes et la sécurité en Afrique du Nord, en Libye et au Sahel.

Si l'instabilité en Libye et au Sahel est un sujet de préoccupation mutuelle pour Alger et Washington, la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara irrite au plus haut point le régime algérien qui n'a de cesse de chercher en vain à déstaibiliser le Maroc en finançant, formant et armant les séparatistes du Polisario.

Dans ce sens qu'en décembre dernier, le premier ministre algérien Abdelaziz Djerad est allé jusqu'à parler de "manoeuvres étrangères qui visent à déstabiliser l'Algérie" et "une volonté de "l'entité sioniste" de se rapprocher" des frontières de son pays, faisant alors allusion aux Etats-Unis et à Israël après l'accord avec le Maroc.

Il faut donc imaginer la frustration et la colère algériennes après que Schenker ait réitéré la position américaine en faveur des "négociations politiques" dans le cadre du plan d'autonomie du Sahara proposé par le Maroc. L'Algérie devra se contenter d'un simple lot de consolation. Schenker est venu avec 4,1 millions de dollars pour soutenir l’Algérie dans la lutte contre le Covid-19. Une petite somme, mais dont le pays aura tant besoin pour commander des vaccins ou pour offrir une nouvelle santé à Abdelmadjid Tebboune que la maladie a cloué à une chaise roulante.

Par Djamel Boutebour
Le 08/01/2021 à 12h03, mis à jour le 09/01/2021 à 17h47