Aérien: Air Algérie pique du nez

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Le 19/04/2021 à 11h07, mis à jour le 19/04/2021 à 11h23

La compagnie algérienne fait face à de graves difficultés financières à cause de la crise du Covid-19, qui a poussé le gouvernement à fermer les frontières du pays depuis plusieurs mois. Elle sollicite l'aide gouvernementale pour s'en sortir, dans un contexte où les caisses de l'Etat sont vides.

Il faudrait la rondelette somme de 910 millions de dollars à Air Algérie pour espérer échapper à la faillite. C'est ce que révèle le site d'information Algérie Part qui rapporte qu'une demande de garantie de cet ordre sera adressée par la compagnie nord-africaine à son gouvernement.

Selon cette source, si rien n'est fait, notamment lors de la réunion à la direction générale d'Air Algérie prévue dans trois semaines, le 7 mai prochain, les salaires de ses 10.000 collaborateurs ne pourront plus être payés. En effet, Air Algérie, dont les avions sont cloués au sol depuis mars 2020, est à court de trésorerie, alors que l'Etat algérien est également dans une situation financière des plus délicates. Depuis le début de la crise, pas le moindre dinar n'a été donné à Air Algérie en guise de subvention.

Au bord du dépôt de bilan, la compagnie envisagerait de présenter un plan de continuité de son activité qui comprend une demande de financement de 120 milliards de dinars, soit l'équivalent de 910 millions de dollars, précise toujours le site d'information. Mais vu que les caisses du trésor public algérien sont encore plus vides que ceux d'Air Algérie, il s'agira surtout d'obtenir la garantie de l'Etat pour un prêt évquivalent à cette somme. Evidemment, le trésor public sera tôt ou tard amené à payer, compte tenu des difficultés structurelles d'Air Algérie, qui accuse des déficits continus depusi plusieurs années. Mais, au moins, le décaissement sera différé pendant quelques années.

En tout cas, cette subvention déguisée est une question de vie ou de mort pour la compagnie algérienne et ses 10.000 salariés pour une flotte d'à peine 56 appareils. Au-delà de la crise du Covid-19, il y a lieu de constater que le pavillon national algérien vit avec un déficit permanent depuis plusieurs années.

En février 2017, commentant les réalisations catastrophiques de l'année précédente, le ministre algérien des Transports d'alors, Boudjermaâ Talai, avait affirmé de la manière la plus solennelle qui soit qu’ils bidouillaient les comptes. "En regardant le bilan d’Air Algérie, moi je vous dis que la compagnie se porte mal".

"[Cette entreprise], avait-il fait savoir, est à la limite de perdre de l'argent et elle en perdrait si l'on ne fait pas toute une gymnastique avec le commissaire aux comptes pour faire des transferts de comptes et un système d'évaluation". Ces propos avaient été rapportés par l’Agence offcielle algérienne, à savoir Algérie presse service (APS).

Il avouait ainsi que pour éviter que le déficit ne soit visible, il a fallu recourir à un inédit changement de méthodes comptables, contre toutes les régles déontologiques.

En tout cas, la compagnie est en train de piquer dangereusement du nez et si rien n'est fait sous peu, le crash sera inévitable.

Par Djamel Boutebour
Le 19/04/2021 à 11h07, mis à jour le 19/04/2021 à 11h23