On assiste à un véritable changement de discours des autorités algériennes qui ont jusqu'ici voulu faire croire à leurs citoyens ainsi qu'au monde entier que le pays était épargné. Le ministre de la Santé parle désormais de "situation inquiétante".
Quand le Maroc faisait des dizaines de milliers de tests PCR quotidiens et que le Sénégal en faisait jusqu'à 2000 par jour ou que le Ghana en cumulait 300.000 en quelques semaines, l'Algérie n'en dépassait pas les 400 par jour. Et encore aujourd'hui, le pays ne fait que quelques centaines de tests quotidiens pour n'afficher qu'un millier de nouveaux cas de Covid par jour, presque autant qu'un pays comme le Sénégal avec près de trois fois moins d'habitants.
Donc, si l'on s'en tient aux chiffres officiels, l'Algérie peut être considérée comme un havre de paix concernant la pandémie. Mais, la réalité cruelle a visiblement poussé les autorités à mettre fin à la tartufferie, après que les médecins n'aient de cesse de tirer la sonnette d'alarme.
Ainsi, dans des propos relayés par l'agence Algérie presse service (APS), le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, affirme que "la situation sanitaire était "préoccupante" en Algérie, en raison de la propagation du coronavirus, soutenant que la vaccination demeurerait la solution la plus efficace pour lutter contre la pandémie, tout en appelant les citoyens à faire preuve de vigilance et de respect stricte des mesures de prévention".
Il a ainsi "exhorté les directeurs de la santé à davantage de mobilisation et à œuvrer à surmonter cette circonstance, exprimant sa reconnaissance et sa gratitude pour les efforts consentis par les différents responsables du secteur", selon la même source. Il leur a également demandé d'actualiser les besoins locaux en matière d'oxygène médical, gaz indispensable pour sauver les malades ayant des complications respiratoires.
Par ailleurs, pour éviter que les choses n'empirent, Benbouzid a exhorté les Algériens à aller se faire vacciner, puisque de nouvelles doses en quantité importante ont été réceptionnées récemment par l'Algérie.
En réalité, bien peu d'Algériens ont été vaccinés parce que les autorités sanitaires ont jusqu'ici choisi de ne pas jouer la carte de transparence. Dans un premier temps, elles ont nié l'évidence d'une situation gravissime et n'ont que très peu investi dans la prévention et la prise en charge. Et comme les chiffres officiels montrent toujours que l'Algérie est l'un des ays du monde les moins touchés par le Covid-19, il est difficile de leur dire en plus qu'il y a danger. Du coup, même avec l'arrivée de nouvelles doses de vaccins, personne n'est réellement motivée pour s'immuniser par le vaccin. C'est ce qui explique le changement de discours du ministre de la Santé.