Algérie: un "Printemps berbère" pas comme les autres

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Le 20/04/2016 à 09h52

Ce mercredi 20 avril s’annonce sous haute tension en Algérie, particulièrement en Kabylie. Le 36e anniversaire du Printemps berbère sera célébré dans un contexte très particulier après le succès de la marche de Paris du Mouvement de l’autodétermination de la Kabylie.

C’est aujourd’hui que la Kabylie célèbre le 36e anniversaire du Printemps berbère, marqué par le massacre de jeunes durant les manifestations d’avril 1980 et celles du Printemps noir de 2001. Des manifestations sont prévues en Kabylie et particulièrement à Tizi Ouzou.Toutefois, contrairement aux manifestations des dernières années, qui avaient été plus ou moins autorisées par l’Etat, celle-ci n’a pas les faveurs du gouvernement et se déroulera sous haute tension.En effet, pour beaucoup, cette marche risque de constituer un tournant dans l’histoire du militantisme kabyle avec le poids grandissant du Mouvement de l'autodétermination de la Kabylie (MAK), mouvement indépendantiste, et les succès des marches organisées par celle-ci dans un certain nombre de pays, particulièrement celle à succès de Paris qui a réuni environ 10.000 participants, scandant des slogans hostiles à l’Algérie.Face à cette crainte, le pouvoir algérien a préféré cette année ne pas autoriser de manifestations et éviter ainsi la propagation des idées des indépendantistes, qui sont désormais perçues comme une menace à l’unité nationale algérienne.Outre la propagation des idées indépendantistes, certes encore très minoritaires mais nuisibles à la cohésion nationale, cette manifestation se déroule dans un environnement économique particuliers marqué par la chute des cours du pétrole et donc des recettes de l’Etat privant cette dernière d’une manne nécessaire pour acheter la paix sociale et ce d’autant que la région s’est toujours sentie marginalisée par le pouvoir central.C’est dans ce contexte que le message du MAK, réclamant la tenue d’un référendum d’autodétermination de la Kabylie, devient de plus en plus audible auprès de la population kabyle. Des menaces dangereuses pour l’unité de l’Algérie mais que la majorité des kabyles ne partagent pas. Nombre d’entre eux réclament surtout plus d’équité dans la distribution des richesses du pays, l’officialisation de la langue Tamazight et enfin la justice pour les morts du Printemps noir.

Par Karim Zeidane
Le 20/04/2016 à 09h52