Algérie: les portes du lycée fermées aux filles non voilées

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Le 06/09/2016 à 15h01, mis à jour le 06/09/2016 à 15h06

Les lycéennes non voilées de Sebbala, située dans la proche banlieue d'Alger, ont eu la surprise de se voir interdire l'accès à leur établissement ce 4 septembre. L'incident est largement commenté dans la presse algérienne qui demande qu'une enquête soit ouverte.

Kiosque Le360 Afrique. Qu’est-il arrivé au Lycée des jeunes filles de Sebbala? C’est la question que se posent encore les Algérois qui ont assisté médusés à une scène inédite. Les jeunes filles non voilées ont simplement été priées par un vigile pointé devant la porte du lycée d’aller porter le hijab. Celles qui refusent de se plier à cette nouvelle règle n’ont pas fait cours ce 4 septembre, informe Algérie Focus.

Quant aux parents, "ils ont eu droit pour comble d’audace, à une leçon de morale administrée par l’agent d’accueil qui leur enjoint de «bien éduquer leurs filles»; entendez leur apprendre à se couvrir entièrement la tête, à regarder par terre, à obéir au petit frère et à attendre tranquillement d’être livrées à un homme que la famille aura choisi”, s’indigne le site d’information. 

Situé à une dizaine de kilomètres du centre ville de la capitale algérienne, Sebbala appartient à la petite localité de Draria. Il a profité d’une politique de développement de l’habitat qui lui a donné la cité des 1600 logements. Il est donc, "moins hideux qu’ailleurs, mais c’est du même tabac", prévient toujours le site. C’est-à-dire que "la finition" laisse à désirer. "Les ascenseurs" sont toujours en panne. "On y a la boue en hiver, la poussière en été et l’ennui toute l’année". La description de notre confrère est on ne peut plus sévère. Et d’ajouter : "c’est un quartier sans commodités". Et quand on y cherche des lieux publics, autant se rendre "aux cimetières où à la mosquée".

C’est donc cette "nouvelle ville" voulue pour lutter contre l’habitat insalubre qui est le cadre de ce malheureux incident. La question se pose de savoir si le gardien a agi de son propre chef ou bien s’il a reçu un ordre de la part du provisorat. Si tel est le cas, quelle en est la finalité ?

Ce sont autant de questions que se pose le site qui exige "qu’une enquête soit ouverte pour déterminer les responsabilités". En réalité, Algérie Focus est plutôt inquiet de la vague de "wahhabisation" de la société. Les islamistes rodent toujours et sont même beaucoup plus puissants qu’au moment de la fin de la guerre civile. Ils n’hésitent plus à s’afficher et à imposer leurs règles d’islamistes radicaux aux pauvres algériens moyens.

Quoi qu’il en soit, "on considérait, ou du moins on espérait qu’on ne toucherait jamais à des sanctuaires comme les établissements d’enseignements et qu’on laisserait nos jeunes accéder au savoir sans entrave ni contrainte”, se plaint Algérie Focus. “La suite de cette affaire apportera suffisamment d’indications sur la détermination des autorités en charge de l’éducation de nos enfants à ne pas polluer leur environnement par des combats d’arrière-garde importés de wahhabie’et prétendument religieux et qui n’ont pas leur place dans un lieu où on fait ses humanités et où on apprend à respecter la liberté et le respect d’autrui.”, conclut Algérie Focus.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 06/09/2016 à 15h01, mis à jour le 06/09/2016 à 15h06