Amnesty International n'en peut plus de voir Alger saper les règles universelles en matière de droits de l'Homme et l'a fait savoir dans un communiqué hier dimanche 18 décembre. Un bref retour sur le racisme d'Etat ou cautionné par Alger permet de comprendre l'exaspération d'Amnesty.
En novembre 2014, la Une de ce journal Achourouk a été barré par ce titre aussi ignoble que répugnant: "Ni bonjour, ni bienvenue. Le Sida derrière vous, l’Ebola devant vous", s'adressant aux Maliens en particulier et aux subsahariens en général. Curieusement, aucune poursuite n'a été entamée contre ce journal. Un an jour pour jour plus tard, 600 migrants sont retenus dans un camp de concentration par les autorités algériennes à Ouargla dans des conditions de sécurité et salubrité douteuses. La population accusait l'un des migrants d'avoir agressée une femme algérienne. Après un départ de feu dans la nuit, 18 migrants meurent. Aucune enquête sérieuse n'est réalisée.
Algérie: un racisme anti-africain se banalise avec la complicité de l'Etat
Début décembre 2016, le président de la Commission des droits de l'Homme de la présidence algérienne affirme comme le journal Achourouk que "les migrants subsahariens sont responsables de la propagation du sida dans le pays". Evidemment, connaissant la main de fer avec laquelle Bouteflika tient ses sbires et les caciques du régime, on douter que c'est la présidence algérienne qui cautionne de tels propos, puisque Ksentini qui en est l'auteur est censé conseiller Bouteflika en matière de droits de l'Homme donc de droits des migrants. Tout ceci, montre à quel point Alger peut-être tenue pour responsable par les ONG en général et par Amnesty en particulier.
Selon l’ONG de défense des droits de l’Homme, «les autorités algériennes doivent dépénaliser l’immigration irrégulière, adopter une loi sur l’asile et lutter contre les propos racistes anti-subsahariens dans le pays». Trois choses qu’Alger s’est bien gardée de faire, jusqu'ici. Pire, d'après les récits des migrants, les gendarmes et policiers chargés de les expulser semblaient "avoir reçu des instructions fermes pour les humilier et les faire regretter d’être venus en Algérie". Beaucoup accusent les forces de l'ordre de leur avoir volé les affaires et argent.
Actuellement, la loi algérienne pénalise l’immigration irrégulière et prévoit des peines de prison pour toute personne qui aiderait des migrants en situation irrégulière. Cela veut dire que même les ONG qui offrent un verre d’eau aux milliers de migrants jetés dans le désert risquent des poursuites voire des représailles.
Mais les autorités algériennes continuent de nier l’évidence en affirmant que ces opérations s'étaient déroulées "dans le respect des droits humains". Actuellement, les milliers de migrants qui ont été jetés dans le désert à Tamanrasset (2 000 km au sud d’Alger) font l’objet d’un blocus savamment orchestré. Les autocars en partance vers le Nord sont interdits de vendre des titres de transport aux migrants subsahariens. C’est pourquoi Amnesty demande également aux autorités algériennes de lever ce blocus.