Depuis plusieurs jours, les autorités algériennes évoquent le port obligatoire du masque, afin de limiter la propagation du virus, sans oser mettre en place la mesure, à cause de la pénurie de bavettes.
Voilà que la présidence a décidé de franchir le Rubicon, alors même que le pays n’est pas en mesure d’en produire suffisamment et que le peu de masques importés est destiné à l’usage exclusif du personnel sanitaire. Du coup, le ministère de la Santé préconise le système D et demande aux Algériens de se débrouiller comme ils peuvent.
Même les entreprises de fait, les particuliers et autres tailleurs du coin peuvent s’y mettre et les commercialiser, sans avoir d’existence légale de commerçant. Les autorités ont ainsi décidé de se faire l’économie des normes sanitaires qui doivent encadrer un tel produit. L’essentiel est juste d’avoir un cache-nez.
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C'est en tout cas, la parade trouvée par le ministre du Commerce, Kamel Rezig, qui a fait savoir que l'Etat autorisait provisoirement la production des masques destinés au grand public sans qu'il soit nécessaire pour cela d'être immatriculé au registre du commerce, en raison du contexte sanitaire "exceptionnel".
C'est hier lundi que la présidence a diffusé son communiqué, après plusieurs jours d'hésitation. "Le port du masque est tout aussi efficace que le confinement sanitaire, d'où l'impératif de rendre son port obligatoire pour tous", dit le document publié à l'issue d'une réunion du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie.
Il convient de noter que l'Algérie est l'un des pays les plus touchés en Afrique par le nouveau coronavirus. Elle compte actuellement 555 décès soit près de 20% des victimes de l'ensemble du continent et 7.201 cas. Un chiffre que beaucoup pensent sous-estimé, puisque l'Algérie est un pays qui a choisi de ne réaliser que très peu de tests. Là où le Maroc en a réalisé près de 100.000, le Ghana plus de 150.000 ou le Sénégal près de 30.000, l'Algérie n'a pas encore dépassé la barre des 20.000 diagnostics depuis le début de la pandémie.