Emigration clandestine: 11.200 "harragas" algériens sont arrivés en Espagne en 2020

Près de 500 migrants algériens ont été sauvés en quelques heures.

Près de 500 migrants algériens ont été sauvés en quelques heures.. DR

Le 05/01/2021 à 11h20, mis à jour le 06/01/2021 à 08h53

Les jeunes Algériens cherchent de plus en plus désespérément à quitter leur pays. Plus du quart des arrivées en Espagne en 2020 sont de nationalité algérienne. Malheureusement, ces nombreux départs se sont accompagnés de naufrages meurtriers. Détails.

En dépit de la pandémie du Covid-19 qui a particulièrement touché le continent européen, poussant une partie des migrants clandestins établis dans certains pays (Espagne et Italie notamment) à entreprendre le chemin du retour dans leur pays, l’année 2020 a été marquée par des arrivées exceptionnelles de migrants en Espagne. Des jeunes de plus en plus poussés par la crise et le désespoir et qui préfèrent défier la mort en prenant des embarcations, parfois de fortune, pour rejoindre les côtes espagnoles. Et cette année, les jeunes Algériens figurent en bonne place parmi les migrants qui ont rejoint les côtes espagnoles. 

Ainsi, selon les données du rapport de Caminando Fronteras, une organisation non gouvernementale qui œuvre pour la protection des droits des migrants depuis 16 ans, 41.000 migrants sont arrivés sur le sol espagnol en 2020. Ce qui place ce pays en tête des pays européens ayant accueilli le plus de migrants, loin devant l’Italie et la Grèce, avec respectivement 34.100 et 15.000 migrants débarqués.

Et ce qui inquiète le plus les Espagnols, c’est la recrudescence du nombre de migrants en provenance de l’Algérie. En 2020, 11.200 migrants de nationalité algérienne ont débarqué en Espagne, soit 27,32% des arrivées totales.

Malheureusement, cette migration clandestine s’accompagne de son lot de naufrages d’embarcations sur la route menant des côtes algériennes vers les côtes des îles Baléares er d’Almeria, les deux principaux points de débarquement des migrants. Ainsi, selon les données de l’ONG Caminando Fronteras, 23 naufrages ont été recensés sur ces deux routes entrainant de nombreuses pertes de vies humaines.

Au total, le nombre de migrants décédés en tentant de rejoindre l’Espagne s’est établi à 2.170 morts durant l’année 2020, soit une hausse de 143% par rapport à 2019, faisant de l’année écoulée la plus meurtrière, selon l’ONG. Ces migrants viennent de 15 pays: Algérie, Maroc, Mauritanie, Gambie, Sénégal, Guinée Conakry, Guinée-Bissau, Côte d’Ivoire, Cameroun, Nigeria, RD Congo, Comores, Syrie, Bangladesh et Sri Lanka.

Avec 231 décès, les migrants algériens représentent 10,64% des décès enregistrés en 2020 sur les routes menant vers les côtes espagnoles. Toutefois, «nous sommes conscients que les chiffres réels sont beaucoup plus importants», selon Helena Maleno, fondatrice de l’ONG.

Seulement, ce bilan est loin d’être exhaustif quand on connaît la fréquence des départs de migrants sur les côtes algériennes durant ces derniers mois. Ainsi, à Béjaïa, on est encore sans nouvelle de 23 migrants qui ont pris la mer le 17 décembre dernier et qui n’ont donné aucun signe de vie depuis lors. En outre, durant le seul mois de novembre, l’ONG Centre international de l’identification des migrants disparus (CIPIMD) avait annoncé que 53 migrants Algériens étaient morts ou portés disparus durant le seul mois de novembre 2020. C'est dire que les données de l'ONG sont sous-estimées par rapport à la réalité. 

Le nombre élevé de migrants algériens qui ont rejoint les côtes espagnoles en 2020 atteste du désespoir des jeunes qui préfèrent risquer leur vie pour tenter de rejoindre l’autre rive dans l'espoir d'y trouver une vie meilleure. 

Par Karim Zeidane
Le 05/01/2021 à 11h20, mis à jour le 06/01/2021 à 08h53