Terrible fait divers qui révèle la gravité de la situation dans laquelle se trouve l'Algérie. Pour un simple sachet de lait, "un jeune homme est décédé, jeudi 29 avril en fin de journée, à l’hôpital Ibn Rochd d’Annaba des suites d’un traumatisme crânien", rapporte le quotidien El Watan. Le pauvre trentenaire qui s'était présenté dans un commerce d'une localité située à une quinzaine de kilomètres d'Annaba, voulait se procurer le précieux, mais désormais introuvable, liquide.
Le vendeur, qui serait son bourreau, lui impose la vente concomittante d'un autre produit avec ledit sachet de lait, sauf que la victime ne l'entend pas de cette oreille. Il s'est ensuivi une altercation, puis un violent coup de bâton sur le crâne du pauvre jeune homme. Evacué à l'hôpital d'Annaba, il meurt deux jours plus tard, le jeudi.
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L'Algérie fait face à la plus sévère crise économique et financière depuis son indépendance, ce qui fait qu'elle n'importe plus suffisamment de produits alimentaires essentiels. Les files d'attente pour s'en procurer s'allongent jour après jour et les bousculades se multiplient.
Fin mars dernier, les images d'une bousculade dans un supermarché à Sétif pour se procurer de l'huile de table ont choqué le monde entier et ont révélé l'ampleur du désastre.
De même, le 11 avril dernier, on a compté plusieurs blessés dans une scène similaire au sein d'un "marché ouvert" aménagé dans un stade omnisports à El Milia dans la wilaya de Jijel. L'idée du gouvernement algérien était de distribuer directement certains produits afin d'éliminer la marge qu'y rajouteraient normalement les commerçants. Du coup, à El Milia, les populations s'étaient déplacées en masse croyant pouvoir trouver de l'huile de table. Sauf que la quantité d'huile de table disponible était bien maigre. Du coup, cette distribution digne du régime socialiste soviétique a tourné au fiasco. Ceux qui savaient qu'ils n'allaient pas être servis s'ils attendaient leur tour se sont rués sur ces denrées devenues précieuses. Résultats: des dizaines de blessés et des autorités qui rasent les murs depuis.
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Cette ruée vers les centres commerciaux pour des produits de première nécessité s’explique par l'épuisement des réserves de change du pays qui sont passées de près de 200 milliards de dollars en 2014 à quelque 29 milliards de dollars à fin 2020. L'Algérie ayant décidé de ne pas recourir à l'endettement extérieur est presque à court de devises pour importer suffisamment de lait et d'huile de table, mais également de poissons.
Quoi qu'il en soit, il n'est pas exclu qu'un tel drame se produise à nouveau, puisque cela a été le cas dans un passé récent. En 2017, lors des pénuries similaires, un meurtre par arme blanche avait eu lieu dans des circonstances similaires, selon le site d'information Algérie Focus.