Vidéo. jets de gaz lacrymogène sur les pompiers à Alger, alors qu'ils marchaient sur le palais d'El Mouradia

Les sapeurs pompiers algériens devant la Direction générale de la protection civile.

Les sapeurs pompiers algériens devant la Direction générale de la protection civile.. Crédit : Djaafar Khalloufi

Le 02/05/2021 à 15h07, mis à jour le 02/05/2021 à 15h10

VidéoPour le troisième dimanche consécutif, les pompiers d'Algérie ont manifesté dans le centre-ville de capitale. Leur exigence: une revalorisation de leur salaire, dans le contexte d'une hausse des prix généralisée sur tous les produits de grande consommation, due à de graves pénuries.

Les pompiers d'Algérie ont finalement mis leur menace à exécution. Alors qu'ils manifestaient dans le centre d'Alger pour le troisième dimanche consécutif, réclamant la revalorisation de leurs émoluments, leur sit-in s'est transformé en une marche vers le palais d'El Mouradia, où siège la présidence de la République, et donc Abdelmadjid Tebboune. Mais les soldats du feu algériens n'ont pu arriver à destination et se sont retrouvés, au matin de ce dimanche 2 mai 2021, aux prises avec d'importants jets de gaz lacrymogène que leur ont lancés les forces de l'ordre.

Aux premières heures de ce dimanche, selon le site d'informations TSA, un imposant dispositif de sécurité a été déployé pour les empêcher de mener à bien leur projet.

Parmi leurs revendications majeures figurent notamment la "revalorisation immédiate des salaires", avec un "relèvement de [leur] salaire de base de 15.660 à 24.000 dinars algériens" (de 1000 à 1.600 DH), avec "l’annulation de l’impôt sur le revenu" (IRG) et "l’augmentation de [leur] prime de rendement à 40%".

Les grévistes réclament aussi de leur tutelle, soit le ministère de l’Intérieur, un statut particulier, la révision de leurs catégories de classement (échelons), ainsi que les indemnités financières pour les 80 heures travaillées par semaine.et le "versement d'une prime de contagion avec effet rétroactif, dont la prime Covid-19", indique ce même média. 

Ce n'est pas la première fois que les sapeurs pompiers sortent de leurs casernes pour prendre d'assaut les rues. En effet, des sit-in ont été organisés ces deux derniers dimanches devant "les unités principales de la protection civile, au cours desquelles des revendications ont été soulevées".

"Après avoir été empêchés de se rendre à El Mouradia, les soldats du feu ont pris un autre chemin pour se diriger vers le siège de la Direction générale de la Protection civile à Hydra", la DGPC, précise TSA

Visiblement, en ce dimanche 2 mai, les forces de l'ordre n'avaient reçu que l'instruction de s'interposer entre les sapeurs-pompiers et la présidence et ne sont donc pas intervenues sur le chemin de cette seconde destination du cortège de cette corporation. 

Ce n'est que devant le siège de la DGPC que les soldats du feu ont dû de nouveau faire face à "un cordon policier" qui les a empêchés d'accéder au bâtiment.

Pour le moment, les pompiers n'ont pas encore obtenu de réelles promesses de satisfaction de leurs revendications. Leur direction générale a simplement affirmé que leurs doléances ont été transmises aux autorités compétentes, notamment au lendemain de leur mobilisation du dimanche 25 avril dernier. 

"La DGPC a expliqué que ces revendications entraient dans le cadre du statut particulier des agents de la protection civile et elles seront abordées et solutionnées lorsque sera ouverte l’étude des statuts particuliers, assurant que toutes les catégories des fonctionnaires de la Protection civile seront associées pour l’enrichissement du statut particulier de ce corps", souligne le site d'information.

Cependant, les craintes de débordements de ce corps commandé sont réelles, c'est pourquoi les autorités algériennes ont, pour l'heure, adopté une attitude très prudente face à leur colère.

Dans le but de les calmer, leur hiérarchie les a appelés "à faire preuve de discipline et d’un sens élevé des responsabilités et à ne pas se laisser entraîner par les publications subversives qui visent à semer la zizanie, l’anarchie et l’instabilité dans les rangs de la Protection civile".

La protestation des sapeurs pompiers n'est que le reflet du climat social délétère qui règne dans le pays, et qui commence à inquiéter grandement les autorités algériennes. Bien des corporations ont en effet décidé d'engager des mouvements de grève, dont le personnel médical et les enseignants, qui estiment tous subir une paupérisation due à la hausse des prix des produits essentiels à la vie quotidienne. 

Par Djamel Boutebour
Le 02/05/2021 à 15h07, mis à jour le 02/05/2021 à 15h10